L'histoire :
Décorateur et dessinateur à ses heures, Julius a toujours été attiré par les jeunes femmes, très jeunes femmes… Sa copine et maîtresse Clémence le sait et s’en moque, tout comme de sa ressemblance avec l’acteur Anthony Perkins. N’empêche que ce jour-là, quand tous deux sont invités à dîner chez une amie, Patricia, Julius se sent terriblement troublé en voyant Léa, la fille de la maison, âgée de 15 ans. Troublé, certes, mais Julius sait se contrôler. Les semaines suivantes, au fil des rencontres avec cette famille, Julius est tout de même tenaillé de désir pour cette ado séductrice et peu farouche. Jusqu’à un week-end fatidique, où les parents, qui doivent s’absenter, demandent comme service à Julius de venir garder Léa chez eux. Julius en est tout fébrile… mais il sait rester vertueux. Les premières heures, il enchaine les parties de ping-pong avec elle et résiste à la tentation de l’insouciante jeune fille qui le provoque. Le soir venu, celle-ci cherche à s’échapper en boîte de nuit, en compagnie de son petit copain du moment. Julius refuse et flanque le petit ami dehors, se surprenant à être un peu violent. En compensation, devant la moue de Léa, il accepte de l’emmener pour un pique-nique en forêt le lendemain. Pour ladite balade, Léa revêt une tenue aguichante… Bouleversé, Julius abuse sur la bière. De fait, quand Léa s’échappe pour retrouver enfin son copain, Julius titube, tombe et perd de vue Léa. Erreur fatale…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Riche idée, de la part de Drugstore, que d’éditer cette intégrale des 3 tomes, jadis publiés sous la férule d’Albin Michel. Serge Le Tendre, le scénariste de la cultissîme Quête de l’oiseau du temps, met en place non pas une aventure épique à travers des terres de légendes, mais une aventure néanmoins, à travers les recoins sombres et/ou tortueux de l’âme humaine. Dans le premier tome, publié en 1985, à une époque où les médias ne parlaient pas encore trop d’affaires de pédophilie, Julius Antoine est accusé d’avoir violé et assassiné une adolescente. Dans le second, il est accusé d’avoir tué sa mère et se débat avec un frère et une sœur aux frontières de la démence. Enfin dans le troisième, il part en Afrique à la recherche de son père, pour une quête intime, douloureuse et nécessaire, qui offre comme un écho au propre vécu du scénariste (Le Tendre s’en explique en préface). Les trois tomes de ce thriller psychologique sont distincts dans leurs trames, mais l’esprit torturé du héros (ses « errances » mentales) représente un fil rouge passionnant. Il est à chaque fois questions de vieux démons familiaux, de pulsions, d’erreurs « judiciaires », irrémédiables et calomnieuses. Le rubik’s cube intellectuel qui est à l’œuvre sur l’esprit de Julius dut être une sacrée gageure à mettre en scène à travers le format BD ! Et néanmoins, les deux auteurs, au faîte de leurs talents, y parviennent en jouant de moult astuces graphiques et narratives inhérentes au médium. Les encrages réalistes de Christian Rossi, sans doute l’un des meilleurs dessinateurs réalistes de notre époque, sont tout simplement sublimes. Un petit bijou à (re)découvrir !