L'histoire :
Ego est une jeune femme brune, élégante et sexy, qui a la faculté de faire énormément de rêves érotiques extraordinaires d’imagination… Par exemple, la voilà seule chez elle, en train d’enfiler une petite nuisette, bien trop sexy pour être utilisée. En se regardant dans un miroir, elle se trouve d’ailleurs très mignonne, au point d’embrasser son propre reflet. Or, voilà que le reflet sort du miroir et poursuit les câlins sur sa personne. Les deux Ego se déshabillent et s’embrassent ainsi devant leur propre reflet dans la glace… qui sortent également toutes deux du mur. Elles sont désormais 4 à s’ébattre, donc 4 à générer 4 autres reflets émoustillés… Ouf, Ego se réveille et envisage aussitôt d’en parler à son psy !
Ego se délasse dans son bain, lorsqu’une curieuse grenouille jonchée sur le rebord saute à l’eau. La grenouille est bientôt accompagnée d’une tortue, puis d’un serpent, puis d’un alligator… plus lubrique que carnivore : le voilà qui prend Ego en levrette ! Ouf, il est temps de se réveiller…
Invitée à une soirée mondaine, Ego s’y rend en taxi, persuadée qu’elle a oublié quelque chose. Une fois sur place, la maîtresse des lieux l’accueille en lui proposant de retirer sa cape. C’est à ce moment qu’Ego se rend compte que ce qu’elle a oublié, c’est d’enfiler des vêtements, en dessous…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Onirisme et érotisme font souvent bon ménage. Vittorio Giardino, l’un des maîtres de la ligne claire italienne, a prouvé ce postulat dans les années 80, en dessinant plusieurs historiettes friponnes de Little Ego, personnage féminin traversée de rêves libertins et de fantasmes osés, pour un périodique transalpin. En préface de cette jolie réédition (la première date de 1989), Giardino explique les circonstances de la création de cette série : de nuit sur une autoroute, après avoir été éconduit par son éditeur qui voulait des histoires courtes. Il avait alors eu l’idée géniale de s’inspirer des périples oniriques de Little Nemo, le personnage phare de Winsor McCay, qui partageait au début du siècle ses rêves inventifs avec les lecteurs du New York Herald. A la fois hommage et pastique, ses courts récits demeurent soft et d’une grande élégance, « chastement érotiques » comme le définit l’auteur lui-même. Ils n’ont pas d’autre but que d’émoustiller les sens, de débrider les fantasmes osés ou exotiques, comme les strates inconscientes de tout un chaque s’amusent à le faire régulièrement en songes. Psychologiquement, l’onanisme est d’ailleurs une forme d’amour de soi ; le nom de l’héroïne, ainsi que la première historiette (où Ego fait l’amour avec moult reflets d’elle-même) illustrent parfaitement ce point de vue. Le rêve de la culpabilité éprouvée parce qu’on se rend soudainement compte qu’on est à poils devant tout le monde (la troisième séquence) est également un incontournable chez la plupart des gens. Enfin, un dossier annexe enrichie l’ouvrage de jolis dessins inédits (la plupart montrant l’héroïne en plein trouble, au réveil…). Un incontournable du registre érotique…