L'histoire :
En 1994, Nicolas Sarkozy et Martin Bouygues se bâfrent de chocolats dans un bureau de la mairie de Neuilly-sur-Seine. Sarko demande un service à son grand copain : il faut que TF1, sa chaine de télé, favorise Edouard Balladur dans sa campagne présidentielle, afin d’écraser l’autre con. Dont acte : Claire Chazal fait des interviews flagorneuses, mais cela n’empêche pas Chirac de passer. 3 ans plus tard, c’est au tour de Sarkozy d’aider son ami Martin : son cabinet d’avocat intervient pour empêcher une OPA agressive du groupe Bolloré sur le groupe Bouygues. C’est finalement François Pinault qui rachètera les parts de Bolloré pour éviter qu’il en prenne le contrôle. Et néanmoins, 10 ans plus tard, alors qu’il vient tout juste d’être élu président de la République, Sarko téléphone à son grand ami Martin depuis le yacht de Bolloré. Il lui demande de mettre Vincent Solly à la direction de TF1. Bouygues fulmine mais accepte : en retour, il remet un rapport sur l’audiovisuel public, préconisant d’en supprimer la publicité. Il s’agit en effet de faire remonter le cours de l’action de TF1…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Si vous aimez bouffer du Sarkozy à toutes les sauces, réjouissez-vous : jamais la carte n’a été aussi étoffée ! Sans doute le style de sa présidence pipole, combinée à la réplique « je préfère l’excès de caricature » a-t-il suscité des vocations… et le public lecteur semble suivre. Bref, après Sarkozy et ses femmes les deux mêmes auteurs s’intéressent aux rapports plus qu’ambigus que le Président « bling-bling » a entretenu avant et durant son mandat avec les puissants français. Quatre des plus riches posent en couvertures : Vincent Bolloré, Arnaud Lagardère, Martin Bouygues et Liliane Bettencourt. Renaud Dely, scénariste et journaliste (Marianne, France Inter, le Nouvel obs), complète également ceux-là avec des chapitres consacrés à Antoine Bernheim, Nicolas Bazire, Stéphane Richard, Bernard Arnault, Alain Minc et Bernard Tapie. Pour chacun d’eux, Renaud Dely retrace les principaux jalons chronologiques de leurs relations avec notre omniprésident. Pour chacun d’eux, le deal satirique est simple : « file-moi un peu de ton fric pour me permettre de conquérir l’Elysée et une fois là-bas, je te faciliterai la vie pour que tu sois encore plus riche ; et au passage, file m’en un peu ». De fait, cela génère des intérêts contradictoires, des choix cornéliens et des rivalités… Evidemment, la caricature est outrancière (ex : Sarko s’empiffre de chocolats à chaque fois qu’il s’auto-satisfait de ses « coups »). Néanmoins, pour celui qui a suivi l’actualité a minima et sait décrypter la réalité du pastiche, la démonstration est particulièrement éloquente et… clinquante. Pour étayer le propos, des petits textes en marge de la BD apportent nombre de précisions sérieuses sur les contextes. Dommage qu’il y ait tant de fautes d’orthographe…