L'histoire :
Tout va bien pour Stéphanie : elle est en seconde année de médecine, elle a un petit copain, une colocataire géniale. Mais un jour, son père l’appelle pour lui dire que sa famille est ruinée par un malheureux coup du sort. Stéphanie, fille à papa devant l’Éternel, est dans l’obligation de trouver un travail pour payer ses études. Sa meilleure amie Yaelle lui propose un super plan très bien rémunéré : devenir hôtesse d'accueil téléphonique… dans un cabinet de voyance ! Stéphanie se rend à l’entretien d’embauche. Joëlle la reçoit et lui présente le cabinet Yessika qui gère plusieurs numéros de téléphone de voyance par téléphone. Le travail de Stéphanie consiste à recevoir les appels d’un client, enregistrer le paiement par des moyens de paiements sécurisés et de le rediriger vers le voyant souhaité. Après chaque consultation, elle doit remplir une fiche-résumé. Ce job d’étudiant, perçu comme uniquement alimentaire au début, va prendre une place de plus en plus importante dans le quotidien de Stéphanie. Ce que ses amis ne vont pas manquer de lui rappeler…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’origine de Yessica voyance, tout commença par un dîner entre la scénariste, Isabelle Bauthian, et une amie. Celle-ci lui raconta l’anecdote d’une amie à qui il arrivait à peu près la même chose qu’à l’héroïne Stéphanie : la voyance par central d’appel téléphonique ! Ce flot d’anecdotes fit germer chez la scénariste l’idée d’une bande dessinée. Ici, tout est vrai : des demandes des clients aux réponses des voyants, en passant par les entretiens d’embauche surréalistes… seuls les héros sont fictifs, c’est dire ! Le rendu est assez agréable à lire. Bauthian nous fait découvrir les arcanes d’un secteur d’activité méconnu et motivé par le souci de rentabilité. Pas de sentiment, juste du business. Entre les pervers qui appellent en se masturbant, les chômeurs au bout du rouleau qui ne peuvent se payer une consultation et les dépressifs en mal de communication, on s’aperçoit rapidement que la voyance par téléphone est le lit des désespérés. Au début, Stéphanie voit ce milieu à travers un prisme ludique… mais rapidement, elle entre dans le jeu et elle finit par se brûler les ailes. Elle change tellement, que ses amis commencent à se détacher d’elle (son petit copain va même jusqu’à se rapprocher de sa coloc’ Yaelle). Le dessin de Rebecca Morse est juste, sans fioritures, proche du style Pénelope Bagieu. Son trait expressif se prête totalement à cette histoire ancrée dans la réalité. In fine, un album frais, assez girly (mais pas trop), à la dimension sociale avérée, et qui a le mérite de nous faire découvrir le monde obscur de la voyance. Une chose est sure : ces quelques 104 pages nous dissuadent de faire appel à une quelconque voyante pour savoir ce que l’avenir nous réserve.