L'histoire :
Dès sa naissance, Gisèle Halimi sait qu'être une femme ne donne pas droit aux mêmes chances qu'aux hommes. Ses parents sont déçus d'avoir une fille : son père cache sa naissance à son entourage pendant quinze jours, tandis que sa mère lui montre tout au long de sa vie qu'elle préfère ses fils. Lorsqu'elle devient adolescente, on lui propose de la marier à un inconnu deux fois plus âgé, mais elle s'y oppose. Ce qu'elle veut, c'est faire des études, avoir un métier ! On lui rit au nez. Mais elle ne lâche pas des yeux son objectif. Et à force de travail et de persévérance, elle finit par réussir. Et elle sait ce qu'elle veut faire : elle veut devenir avocate. Au départ, le métier n'est pas passionnant, et elle hésite à jeter l'éponge. Elle est l'avocate d'office sur des affaires qui ne sont pas très intéressantes, et qu'elle n'arrive pas à remporter. Elle continue pourtant et son parcours personnel l'aidera à se construire des convictions, à se battre pour ses droits et ses idées. Elle doit avorter à plusieurs reprises, alors que l'avortement est encore illégal. Cela la marquera à jamais. Sa rencontre, plus tard, avec Simone de Beauvoir, renforcera son envie de se battre, en particulier pour les droits des femmes. Avortement, parité, consentement : autant de combats sociaux que l'avocate mènera de front.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Entre la fin 2022 et l'année 2023, c'est la troisième bande dessinée dédiée à la vie de Gisèle Halimi. Celle-ci nous est proposée chez Dunod, par deux auteurs masculins (les deux autres titres étaient scénarisés par des femmes). Mais cela ne change en rien le point de vue biographique lié à ses idées. Au contraire, les auteurs se mettent même dans la peau de l'avocate pour raconter l'histoire. La bande dessinée est écrite à la première personne du singulier. L'identification est d'autant plus aisée par le lecteur, qui découvre petit à petit les combats menés par Gisèle Halimi, notamment en tant qu'avocate, mais aussi lorsqu'elle tente de se lancer en politique. Les affaires qu'elle doit défendre sont plutôt bien résumées. Nous sommes souvent surpris de la violence, ou de l'innocence, de certains faits, et des condamnations associées. On sent toute la révolte qui anime Gisèle Halimi, et le lien avec son parcours personnel, les épreuves qu'elle a traversées, les rencontres qu'elle a faites et qui ont contribué à affiner son positionnement, notamment politique, est bien mené. Graphiquement, les lignes des personnages sont fines et claires, tracées d'un trait noir. Des aplats de couleurs apportent des nuances : du bleu, du jaune, du rouge, du noir. Certaines planches manquent peut-être un peu de relief et de contrastes, et sont parfois un peu fades. Ce récit prenant peut se découvrir sans connaître le destin de Gisèle Halimi et complète l'offre déjà sur le marché (en effectuant forcément quelques redites, puisque cela reste une biographie).