L'histoire :
Barcelone, Estación de Francia, 1948. Carlitos Vargas Moreno et deux amis prennent le train pour la France. Il se rend à Marseille pour travailler chez un cousin. En gare de Banyuls sur mer, un gendarme contrôle leurs papiers, ce qui lui vaut une petite frayeur. Dans le train, ils font la connaissance de Jocelyne qui lui propose de venir à Perpignan. Elle tient une épicerie rue de la gare. Il se souvient dans les rues de Barcelone quand il était enfant. Sa mère Engracia, une croix sur le bas-ventre tracée au couteau, gît dans les décombres d’un immeuble touché par les bombardements. Le petit Carlitos, 8 ans à peine, est recueilli par Don Alejandro qui l’emmène dans sa demeure. Paula, la fille de Don Alejandro, le conduit dans sa chambre pour qu'il découvre ses cadeaux. Dehors, la foule exulte, criant : « Viva, Franco, Arriba España ». Au commissariat de police, José Santos Pedregal est félicité. Il s’est distingué en encan des républicains dans son village. À Barcelone, il va avoir une tâche difficile à accomplir : éliminer toute la racaille rouge dans le secteur et s’occuper de la pègre. 1943, Carlos, le père de Carlitos, tient une épicerie. Il est dans le sous-sol et écoute de la musique en compagnie de Don Alejandro. Il remonte dans sa boutique pour servir ses clients qui viennent chercher des victuailles avec leurs tickets de rationnement...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Barcelona, âme noire se déroule dans l'Espagne franquiste, une Espagne où la dictature a pris ses marques, animée par un régime au sein duquel la corruption est omniprésente, avec des policiers capables de toutes les magouilles. Barcelona est devenue une zone de non-droit où tout est permis. Au milieu de ce décor digne du Miami de Tony Montana, Carlitos Vargas Moreno gravit chaque marche, une à une. Il apprend de ses erreurs, fait les bonnes rencontres, ce qui le mènera jusqu'au sommet. Carlitos devient Carlos, puis Don Carlos. Le poids de la mort de sa mère et celui de la culpabilité se mélangent inexorablement et ses choix s'en ressentent. Le quatuor d'auteurs Lapière, Jakupi, Pellejero et Torrents s'attache à nous montrer cette irrésistible ascension, qui ne se fera pas sans heurts, pertes et fracas. Le récit sous forme de flashbacks qui s'imbriquent, est déroutant, mais tout se met en place et s'ordonne. Une fois qu'on a toutes les clés en main, on se laisse porter par le souffle de cette épopée en terre catalane où les enjeux se matérialisent avec un véritable message social et sociétal. Tout est réglé comme du papier à musique, chaque auteur joue sa partition, au sein d'un projet initialement prévu pour être publié en série courte, dessinée par différents artistes. Pellejero signe avec Torrents et Rodriguez une partition graphique de haute volée avec des cases savamment équilibrées, nous plongeant dans un Barcelone sombre, tel qu'on ne l'a jamais vu. Les couleurs donnent de l'ampleur à l'encrage et révèlent toute l'atmosphère sombre du récit. Viva Barcelona, âme noire !