L'histoire :
Pas le temps de déballer les cartons qu’il est déjà là. Déjà sur le perron de l’appart’, le joyeux comité de VOISINS qui vient tâter du bout du pied, comme on le fait pour l’eau froide, le nouvel occupant des lieux. Les plus chanceux pourront apprécier le genre discret et bienveillant. Quant aux moins gâtés, ils ne tarderont pas, pour mise en bouche, à prendre une première leçon de rangement ou un cours d’altruisme, voire une démonstration excessive de solidarité. De quoi prendre ses jambes à son cou illico pour fuir l’endroit. Ou mieux : se rendre dans la droguerie la plus proche pour acheter un joli lot de mort-aux-rats, histoire de lancer une première invitation à dîner… Et puisqu’il est question d’invitation à dîner, sachez que lorsqu’on parle de VOISINS, on associe rapidement ce rite ancestral qui, dés l’âge de pierre, faisait venir dans sa caverne le nouvel arrivant pour partager un quartier de mammouth entre copains. Et pour ne rien vous cacher, déjà, ça finissait par sentir le roussi dés qu’on parlait politique. Ça ne tardait pas non plus, l’air de rien, à tout critiquer. Mais au moins, à l’époque, pas besoin de faux sourire hypocrite ou de petites courbettes sournoises : un bon coup de massue sur une tête ou deux et la fête pouvait continuer de battre son plein…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il y a voisin et VOISIN… Dans la première catégorie, on peut quasiment parler d’une seconde famille, avec les gamins qui vivent ensemble dés les beaux jours arrivés, les barbecues ou apéros qui se prolongent souvent tardivement et les services réciproques rendus à la moindre occasion. Dans la seconde, on regrettera de ne pas vivre seul sur une île (même pas certain d’être tranquille d’ailleurs, les auteurs vous le prouveront…) pour éviter tout un cortège de ronchons qu’une tondeuse pétaradante, un peu de musique, une haie qui s’épaissit ou un enfant un poil bruyant poussent à devenir la pire des plaies. Et c’est bien évidemment ce dernier savoureux panel que mettent sous la loupe nos deux joyeux compères, au moyen de saynètes en 2 ou 3 planches, histoire d’enfoncer le clou. Râleurs tous azimuts, experts es-hypocrisie et empêcheurs de tourner en rond rivalisent ainsi avec force pour une démonstration universelle et intemporelle de l’incroyable capacité du VOISIN à pourrir notre douillette vie. D’ailleurs, l’exercice tire sa principale originalité de cette judicieuse idée qui nous fait découvrir des voisins de tous âges et de tout poil. Car au-delà de celui qui vient d’élire domicile au rez-de-chaussée, c’est celui de Cro-Magnon, de Louis XIV, d’un aliéné ou encore celui, par exemple, qui joue les casse-pieds en plein débarquement allié, qui nous est présenté. En tirant ainsi plusieurs des ficelles du voisinage, Gilles Dal vise juste en évitant de se répéter. Cependant, il faut reconnaitre qu’on rit peu et que l’art de la chute est manipulé avec parcimonie. Peut-être alors un album à offrir à l’un... de ses voisins ! Première ou seconde catégorie ?