L'histoire :
Léon Lenoir, jeune journaliste à l'Express, quitte la France pour rejoindre un petit journal local à Madrid, abandonnant apparemment une carrière qui s'annonçait prometteuse. Une dernière visite à sa mère hospitalisée dans un établissement psychiatrique, qui ne reconnait plus son fils et croit voir son mari mort vingt ans plus tôt. Il sera hébergé chez son oncle, un général de l'armée qui l'avait élevé depuis l'internement de sa sœur. Avant d'arriver au journal La Capitale, au sein duquel il va s'occuper de la rubrique des faits divers, il apprend que sa cousine Paloma y travaille également, dans les bureaux réservés aux femmes et au magazine féminin. Elle a quitté le domicile familial pour des raisons que la famille ne veut pas révéler. Il va par ailleurs travailler avec Emilio Sanz, un vieux journaliste qui a la mauvaise habitude de chercher à tout prix à connaitre la vérité qui se cache derrière les crimes qu'il raconte, pour le plus grand malheur de son rédacteur en chef ! Dans l'Espagne franquiste des années cinquante, il ne fait pas bon se mêler des affaires compliquées, et risquer l'interdiction du journal. Léon va donc accompagner Emilio pour découvrir le cadavre d'une infirmière noyée sur le bord du fleuve, les jambes étrangement marquées. Rosa travaillait à l'hôpital San Carlos, aux côtés de jeunes neurologues brillants ayant chacun développé des affaires prospères. Sanz est d'abord réticent à intégrer le petit nouveau qui va peut-être prendre sa place. Mais très vite, Léon va faire quelques découvertes qui vont faire changer le regard du vieux journaliste. L'enquête interdite commence derrière les murs d'un grand hôpital.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A la fin du livre, Teresa Valero raconte l'ampleur de son ambition lorsqu'elle décide de raconter la vie d'un journal à sensation dans les années sombres de l'Espagne franquiste. Le contexte des phalanges qui soutiennent le pouvoir dictatorial, la résistance des étudiants face au syndicat unique, les difficultés de la presse privée de liberté, elle tente de tout couvrir. Avec ses deux personnages principaux et leurs démêlés personnels, elle ajoute une dimension dont il est difficile de savoir si elle se situe au cœur de l'intrigue ou pas. Et elle introduit une multitude de protagonistes, médecins, infirmières, neurologues, dans une enquête policière dont on se demande longtemps si on va y comprendre quelque chose. Son dessin montre lui aussi un enthousiasme un peu débordant, plein de mouvements de caméra, fourmillant de détails qui lui tiennent visiblement à cœur, avec des cases qui s'enchainent parfois très vite malgré la densité de leurs dialogues. Bref, prenez votre temps et installez vous confortablement pour ne pas passer complètement à côté d'un récit trop fouillé, mais intéressant, dans un univers historique que l'auteur s'efforce de décrire avec un soin parfois journalistique. La préface de Pierre Christin, scénariste du mythique Phalanges de l'Ordre Noir, doit inciter le lecteur à un a priori favorable pour ce Contrapaso, dont le titre ne prendra son sens que dans les toutes dernières pages...