L'histoire :
Après un long « congé », Gaston est de retour à la rédaction des éditions Dupuis. Ses collègues sont plutôt heureux de le retrouver car il apporte pas mal de dérision à la vie de bureau, dans une bienveillance constante. Gaston commence par ressortir tout son bric-à-brac du grenier où Prunelle avait tout rangé. Gaston s’empare de son matériel de chimie, mais il fait malencontreusement tomber sur le sol son seau de « plâtre spécial »… qui dissout comme de l’acide le plancher du grenier. Sa boule de bowling termine le job en tombant pile à cet endroit. Elle traverse le plancher et le plafond du dessous, venant assommer Prunelle qui se trouvait dans le couloir du dessous et qui pensait avoir échappé aux catastrophes pour cette journée de reprise… Dès le deuxième jour, Prunelle accueille l’enfant qui a gagné le concours « Une heure de visite à la rédaction de Spirou ». Mais ce dernier ne s’intéresse à rien. Il déteste la BD, c’est nul. Alors une visite de bureaux, face à des salariés qui effectuent leurs tâches administratives, c’est mortellement pénible. Et puis soudain, Prunelle et l’enfant passent devant la porte de Gaston, qui vient juste de réactiver son matériel de chimiste. Gaston se laisse alors distraire une seconde sur une manipulation sensible et… Boom, le bureau explose.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il existe deux postures sur ce nouveau Gaston qui parait un quart de siècle après la mort de son créateur, André Franquin. Il y a ceux qui, à l’instar de la fille de Franquin, pensent que « l’âme » de Gaston est celle de Franquin et que toute résurrection ne serait qu’imposture commerciale. D’ailleurs, à l’annonce de la parution prochaine ce tome 22, Isabelle Franquin a déclenché un procès pour faire valoir son droit moral d’opposition. Or voilà, la justice a tranché : Franquin avait bel et bien cédé ses droits sur la série aux éditions Dupuis. Le québécois Delaf a donc pu poursuivre sa reprise-hommage, qui parait enfin après une parenthèse juridique de deux ans. Et il faut être d’une fieffée mauvaise foi pour ne pas constater que la reprise est sacrément fidèle. Le Gaston que les lecteurs et les fans connaissent reprend bel et bien du service, avec le même état d’esprit inventif, paresseux (pas pour tout), écologiste, jovial, jemenfoutiste et fumiste. Il reste inscrit dans son époque (les 70’ et les 80’), avec les vieux téléphones à cadrans et sans ordinateur sur les bureaux… mais il reste aussi avant-gardiste sur la nécessité de préserver la nature, d’être décroissant et de mettre en place une forme de RSE dans l’entreprise Dupuis qui l’embauche. Bien qu’inégal, le registre des gags perdure également. En mécanique principale, les inventions de Gaston et ses astuces pour glander tournent systématiquement à la catastrophe au sein de la vie de bureau. Graphiquement, c’est encore plus bluffant. En faussaire génial, Delaf copie à la quasi perfection le style Franquin et cette conformité est impressionnante sur les faciès et les mimiques des personnages. Prunelle, Fantasio, Lebrac, Boulier, Longtarin, Mademoiselle Jeanne, De Mesmaeker, la Ford T, le gaffophone… Ils sont tous là et c’est un délice. N’en déplaise aux vieux réac’ ronchons, cette reprise est diablement soignée et réussie.