L'histoire :
Béatrice n’en revient pas. Elle qui fournit le plus d’énergie au travail vient de se faire souffler sa promotion par Jones, un collègue incompétent ! Elle va directement trouver Georges, son patron, afin d’avoir des explications. Georges lui explique que si la promotion lui est passé sous le nez ce n’est pas à cause du travail qu’elle fournit, mais tout simplement parce qu’elle refuse ses avances depuis trois ans. Son patron rajoute même qu’il sait que ses finances sont dans le rouge et que la situation entre eux va devoir changer si elle espère garder son poste. Il tente aussitôt de la peloter... Mais Béatrice le repousse en l’avertissant qu’elle compte porter plainte pour harcèlement sexuel. Hélas, aucun des employés, exclusivement masculins, ne comptent témoigner en sa faveur... Ils préfèrent tous fermer les yeux et garder leur job. Béatrice est donc coincée. Soit elle accepte les avances de son patron, soit elle se retrouve au chômage ! Le soir venu, Béatrice est encore au travail à terminer un boulot, lorsque Georges vient la voir pour savoir ce qu’elle a décidé. La jeune femme propose qu’ils aillent dîner ensemble. Après un bon dîner, Béatrice emmène son patron chez elle pour boire un dernier verre. Mais à peine Georges a-t-il ingurgité le contenu de son verre, qu’il se retrouve sous le contrôle de Béatrice. Et peu à peu, le corps de Georges se change en celui d’une femme…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Connu pour sa série familiale Le Royaume (digne héritière d'Astérix, par exemple), Benoît Feroumont signe ici un album dans une version de la collection Aire Libre qui s’adresse uniquement aux adultes. Tout part d’un sujet de société actuel, à savoir l’inégalité des salaires entre hommes et femmes. Sur ce thème, l’auteur nous propose un récit de 112 pages pleines d’humour, de vrais questionnements et... d'étreintes érotiques ! En effet, Béatrice, qui n’en peut plus de subir le harcèlement de son patron, se retrouve le couteau sous la gorge et réagit comme aimeraient le faire toutes les femmes dans cette situation. À l’aide d’une plante africaine magique, la jeune femme inverse la situation en faisant de Georges une femme sans papiers, prénommée Gisèle. De chef, Georges va notamment devenir femme de ménage... Dans tous les sens du terme, le voilà esclave de son employée, qu’il a trop longtemps harcelée. Premier point fort du scénario : l’érotisme et au service du sujet et non un prétexte d'excitation comme c’est trop souvent le cas dans le registre. Ensuite, Feroumont réussit à rendre l’histoire drôle et captivante, sans jamais sombrer dans le scabreux. Enfin, le récit évolue constamment et pousse à la réflexion. On pourrait en dire encore beaucoup sur cet excellent récit, mais cela gâcherait le plaisir de la lecture. Rajoutons simplement que le scénariste réussit à développer un univers crédible en partant d’un événement un peu farfelu (la plante magique). Le parler et le caractère, propres à chacun des personnages, leur accordent également beaucoup de charisme. Côté dessin, ceux qui aiment le dessin stylisé et moderne de Feroumont dans son autre série seront ravis : on retrouve ici un résultat idoine, avec néanmoins une place moins importante pour les décors. Bref, voilà une prise de risque qui s'était transformée, lors de sa première en 2013, en sacrée belle surprise.