L'histoire :
En 2107, dans un monde transformé par des bouleversements politiques et climatiques en tous genres, les Etats-Unis ont implosé en trois pays indépendants : les Eastern States, les Western States et la Sainte Union, état religieux du Sud. La Chine, devenue puissance dominante, expérimente des armes de guerre nouvelles, tandis que ses usines sont victimes de délocalisations vers la Sainte-Union. Dans ce contexte, Victor Shenan, PDG du groupe multinational Reverence et favori dans la course à la présidence des Western States, apprend une information capitale. Son fidèle allié Justin Farrell est maintenu en otage par un groupe armé qui a pris le contrôle de son usine chinoise menacée de fermeture. Shenan décide alors de tout tenter pour le libérer. Il recrute Helen, une mercenaire sans scrupules qui enchaine les missions périlleuses pour gagner l'argent nécessaire au maintien en vie de sa fille malade. Pendant qu'Helen et son équipe organisent l'incursion dans l'usine occupée, un règlement de comptes en forme d’attentat oppose deux factions de la mafia genevoise dans un restaurant de Bruxelles. L'armée chinoise menace de donner l'assaut pour écraser l'insurrection…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce premier tome fait le maximum pour nous faire découvrir la complexité d'un monde déconstruit où tous nos repères sont bouleversés et où l'autorité ne semble plus faire loi. Le scénariste Sylvain Runberg construit ici un nouvel univers proche de celui d'Orbital (quelques 2 à 3 siècles plus tôt), tout en précisant que les deux séries sont indépendantes mais qu’elles respectent une chronologie politique cohérente entre elles. L'action et les informations nouvelles sont présentes quasiment à toutes les pages de ce premier volume hyper dense, au détriment, pour le moment, de l’épaisseur psychologique des personnages. Mais le découpage hyper-efficace nous permet d'enchainer en parallèle tous ces développements sans en perdre le fil, et l'album se termine sur une ouverture très inattendue. On est embarqués par ce scénario complexe et intrigués par les multiples développements parallèles, tout en se demandant quand même comment tout cela va se recouper. Et surtout en espérant l'arrivée d'un petit supplément d'âme dans cet univers très sombre ! L’originalité vient alors du dessin confié à Niko Henrichon, dessinateur québécois virtuose qui s'est précédemment superbement illustré dans Pride of Baghdad, le chef d'œuvre de Brian Vaughan (paru en 2006 chez Panini Comics). Si les décors et les couleurs sont magnifiques, certaines pages (et notamment les personnages) souffrent d'une réalisation plus rapide, comme si Henrichon n'avait pas donné tout à fait le meilleur de lui-même pour cet album. Est-ce un choix délibéré, d’un graphisme moins léché, plus nerveux, pour accentuer la confusion des scènes d'actions ? La couverture, absolument superbe, nous offre un portrait d'Helen pensive avec son arme à la main. Un visuel étonnant et touchant qui devrait provoquer plus d'un achat compulsif dans les rayons des libraires. Ce premier tome alléchant et prometteur, se révèle un vrai défi pour que les trois tomes à venir ne déçoivent pas.