L'histoire :
Quelle délice cette nouvelle friandise en provenance du net qui permet de s’épanouir pour de bon. Jugez ! Au saut du lit, on annonce à la terre entière à notre clavier suspendu… qu’on vient de se lever. Tellement génial ce nouveau réseau communautaire, qu’on peut donner à tous la composition de son nouveau shampoing. Ou mieux, son envie de changer de place le canapé. Bref des centaines de choses essentielles… que personne ne lira jamais. Tellement sympa, ce partage entre copains, qu’il suscite, autour de photos hilarantes, de pures instants de littérature et de philosophie : k ; z ; p ; h n’auront jamais été si souvent et si bien exploités, le principal étant de rire car « come disé Bergson, cest umpeu la punission de la sossiété anvers les aîtres ki cécartent de la norme ». Enfin, tellement super cette source culturelle inépuisable qu’on en apprend tout un tas sur nos plus éminentes célébrités : les photos de l’accident de voiture du Dalaï Lama ; les projets de vacances de Che Guevara ou apprendre que le Général de Gaulle a pour hobby le jeu de l’oie, sont incontestablement des renseignements précieux. Alors ne tardez pas à nous rejoindre pour devenir un de ces 300 millions d’amis et vivre un quotidien FaceBookien-palpitant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Incontournable et aussi effervescent qu’un bonbon blanc mentholé dans une bouteille de soda brun, le réseau FaceBook est devenu l’indispensable accessoire de la panoplie du pseudo-branché. Qu’on soit ado pré-pubère ou politicien, on se doit d’avoir son « mur » (un espace d’expression) sur ce célèbre réseau communautaire, pour partager avec des « amis » choisis (?) à intervalles réguliers le passionnant fil de sa vie. Inévitablement, cette manière de s’observer le nombril est devenu une véritable drogue dure pour certains, au point d’offrir à nos deux auteurs un sympathique terrain de jeu. Aussi, sous l’angle de la caricature et du pointage de doigt bon enfant, le « récit » offre une triple présentation de ce petit phénomène de société : des planches mettant en scène des usagers accrocs ; des vrais faux « murs » de célébrités (Obama, De Gaulle, Che Guevara, le Dalaï Lama…), et l’inévitable photo sur-commentée. L’intention est bonne, l’angle humoristique original, mais pourtant l’album ne parvient, au fil de ses 48 pages, qu’à provoquer des sourires furtifs et convenus. En cause, un choix graphique inadapté qui, s’il offre une parfaite similitude avec les pages web du fameux site, devient quasi illisible au format BD : le texte est prépondérant, souvent mini-small de chez pas grand et on ne parvient jamais à faire bouger la souris pour cliquer… Pour ne rien arranger, Frédéric Janin est loin de nous offrir l’une de ses meilleures prestations : le trait semble bâclé et la colorisation peu séduisante. Bref un ouvrage qui, s’il est clin d’œil rusé, n’emporte pas la béate adhésion.