L'histoire :
Jean Paul Goude marche dans le désert, il arrive au pied d'un grand rocher dont il entreprend l'ascension. En chemin, il tombe nez à nez avec une panthère noire qui, instantanément, le subjugue. Il la poursuit. Mais le rocher est un décor et Jean-Paul passe à travers, c'est la chute libre… Amorti par un palmier au pied de la façade du palace d'Égoïste, il se glisse à l'intérieur et… se retrouve à New York, dans un cabaret où danse sa mère, devant le regard admirateur de son père. Celui-ci s'apercevant que son fils, pas encore né, ne se trouve ni au bon endroit, ni au bon moment, lui demande de partir. Jean-Paul explique alors qu'il n'est que de passage, à la poursuite d'une idée parfaite qui a pris l'apparence d'une panthère noire. D'ailleurs, il monte sur la scène pour retrouver le fruit de son agitation, parmi les décors et les loges. Une fois la panthère assoupie, il commence à la travailler, tel un styliste un peu fou qui se laisse guider instinctivement par une idée. Bientôt, Grace Jones apparait. Il veut un résultat parfait, explore plusieurs pistes, dont celle de la chanson, puis revient à celle de l'icône de mode. Le succès lui enlève sa création, qui finit par crouler sous les sollicitations de toutes parts. Il repart vers de nouveaux horizons créatifs. C'est à l'entrée des bains douches qu'il rencontre Farida Khelfa, une nouvelle muse, dont il tombe amoureux, cette fois. Elle lui conseille d'aller faire un tour par « là-bas » : son enfance passée, entre autres, à flâner dans les allées du zoo de Vincennes. C'est là qu'il se rencontre enfant et qu'il comprend la base de ces inspirations d'adultes.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Tandis que le musée d'art décoratifs de Paris lui consacre une rétrospective (depuis l'automne 2011), Thomas Cadène et Alexandre Franc se partagent la plume et le trait, pour un hommage – à leur manière – à cet artiste de génie qu'est Jean-Paul Goude. Artisan de l'inconscient collectif de toute une génération, ce touche-à-tout est l'exemple vivant que tout est possible pour celui qui croit et qui va au bout de ses idées. Exprimant son talent à travers les images et toutes leurs déclinaisons, il produit des mythes, dont le plus fameux restera sans doute Grace Jones. Son amour de la femme et cet allant qui semble lui ouvrir toutes les portes, ont propulsé cet aventurier autoproclamé « auteur d'image » au rang d'alchimiste visuel. Sublimés par sa créativité au ton unique, ses modèles trouvent leur place dans le temps. C'est ce que nous découvrons au travers de cette chronologie illustrée. Surmonté d'une biographie découpée en périodes significatives de la vie de l'artiste, cet ouvrage à la gloire d'un homme qui mérite que l'on souligne son impact social, est un excellent divertissement qui a le charme suranné de la fin du XXème siècle. Seul le dessin un peu simpliste et simplet vient mettre un bémol à l'attrait qu'il représente. Prenons ça comme une démarche intentionnée, afin de ne pas faire d'ombre à l'artiste, en lui laissant toute la place du génie, et La jungle des images devient un véritable petit bijou de l'histoire visuelle de la fin du siècle passé.