L'histoire :
Fin novembre 1955, dans le port d’Anvers, un cargo arrive enfin à destination après une avarie en mer. En route vers la Belgique avec, à son bord, une multitude d’animaux exotique, le « Condor » s’est en effet retrouvé en panne à 130 milles des côtes du Brésil. L’équipage a dû patienter 17 jours pour recevoir la pièce de rechange en provenance de Colombie. Obligés de se rationner pour tenir le coup, les membres de l’équipage ont totalement délaissé les animaux. La soute s’est transformée en véritable charnier ! Seuls les fauves ont survécu en se nourrissant des cadavres des autres animaux ! Or dans le lot, se trouve une sorte de singe au pelage tacheté et à la queue aussi longue qu’un tuyau d’arrosage. Lui aussi a tenu le coup. Très en colère à la vue des humains venus observer ce cimetière d'animaux, l’animal les met hors d’état de nuire avant de s’échapper et de parcourir la ville… Pendant ce temps, à Bruxelles, le jeune François Van Den Bosche est l’objet de moquerie de la part de camarades de classe. Fruit d’une relation entre sa mère et un soldat allemand durant la guerre, François est constamment raillé et surnommé « Van le boche » ! Pour se consoler, François aime porter secours à des animaux abandonnés ou malades. Déjà à la tête d’une vraie ménagerie chez lui, le garçon tombe soudain sur un animal extraordinaire semblant à bout de force…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après un one-shot sur le plus célèbre des grooms, Zidrou (scénario) et Frank Pé (dessin) rendent hommage à l’incroyable marsupial imaginé par le génie André Franquin. Dans une veine réaliste et sombre, les auteurs nous racontent ainsi les mésaventures du Marsupilami avant sa rencontre avec Spirou et Fantasio. Le voici débarquant en Belgique à cause de trafiquants d’animaux exotiques Il y croise la route d’un jeune garçon également maltraité par les hommes, simplement parce qu’il est le fils d’un soldat nazi. Avec son talent de conteur habituel, Zidrou nous immerge dans un récit aussi cruel que poétique. Ainsi, les scènes violentes du charnier d’animaux ou encore des camarades de François le tondant de force dans les vestiaires de la piscine municipale, s’alternent avec des moments amusants et beaux, comme ceux où François prend soin des animaux abandonnés ou celui où son professeur collecte et enregistre des rires ou tente d’enseigner différemment. Sans en dire trop, cette première partie est excellente et les dessins sont au top ! Le dessinateur nous a déjà prouvé plus d’une fois son talent, notamment pour le zoomorphisme, et c’est une nouvelle fois le cas. Frank Pé n'a pas hésiter à modifier le célèbre Marsupilami pour le rendre plus réaliste, en s'inspirant des autres animaux. Corps de gibbon, pelage tacheté de fauve, crâne proche du koala et de l’ours… Un énorme travail a été fait en amont et ça se ressent pleinement à la lecture de ce passionnant album, un indispensable de cette fin d’année ! On attend la suite avec grande impatience…