L'histoire :
René Descartes, l’un des plus fameux physiciens et philosophes français est mort. Ayant trouvé la mort dans l’ancien royaume de Suède, sa dépouille est transférée en 1667 dans le royaume de France. Alors que son squelette, et notamment son crâne, est entre les murs du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris, une chose étrange se produit, en cette année 1937. Le crâne du défunt philosophe, piégé dans une vitrine, se met à converser ! Mais surtout, il essaie de se rappeler. Qui était-il ? Que fait-il dans cette vitrine ? Qui sont ces animaux qui vont tour à tour discuter, échanger et argumenter avec lui ? Avant toute chose : est-il le véritable crâne de Descartes ? Au gré de son errance désespérée dans les galeries et de ses rencontres, le crâne va alors remettre en question les fondements même de la réflexion qu’il avait entrepris de son vivant...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le bestiaire du crépuscule de Daria Schmitt était déjà un chef d'œuvre de la bande dessinée moderne et nous attendions avec grande impatience la suite de ses travaux. Aujourd’hui, avec La tête de mort venue de Suède, Schmitt confirme tout son savoir-faire, son talent et sa créativité avec un nouveau titre qui fera date dans l’Histoire du 9e art. L’autrice est partie chercher dans les recoins des textes du penseur René Descartes. Et elle réussit l’exploit de les confronter avec les spectres des animaux qui hantent les couloirs et les galeries du Muséum d’Histoire Naturelle de Paris. Tout au long des pages, les différentes pensées et théories de Descartes sont décortiquées et vues sous un nouvel angle : les animaux ont-ils réellement une âme ? L’Homme est-il la seule espèce capable de penser ? Si nous pensons, sommes-nous réellement ? Autant de pistes qui sont explorées par le biais des voisins et colocataires du crâne et qui, sans être aussi rébarbatives que lors d’un cours de philosophie au lycée, font réfléchir et remettent en perspective les différentes choses que nous avons pu lire. La baleine, sorte de reflet du lecteur et guide du crâne, oriente le récit vers des horizons inattendus, mythiques et fantastiques qui se lient à merveille à l’ensemble de l’écrit de Schmitt. Le dessin de l’autrice est toujours bluffant de maîtrise et de qualité, rappelant certaines des plus belles gravures de Gustave Doré. Les blancs et noirs sont parfois rehaussés de couleurs, plongeant encore un peu plus le lecteur dans une spirale fantasmagorique du plus bel effet. La tête de mort venue de Suède est un chef d'œuvre, une autre très grande BD d’une grande autrice à suivre assurément !