L'histoire :
William (17 ans), Benjamin (13 ans) et Clotilde (9 ans) se sont échappés d’un orphelinat. Battant visiblement la campagne depuis des jours, ils sont épuisés et affamés quand ils arrivent aux abords d’une petite ville aux hautes murailles. Portée tour à tour sur le dos des deux garçons, la fillette est au bord de l’hypoglycémie. Mais la ville n’ouvre pas ses portes au tout venant. Un gendarme filtre l’entrée, notamment pour les commerçants qui n’ont pas d’emplacement régulier. Les trois adolescents grimpent donc furtivement à l’arrière d’une roulotte et pénètrent clandestinement à l’intérieur de l’enceinte. Après avoir glissé hors de leur cache, ils parcourent quelques ruelles désertes et tombent sur une place du marché curieusement très animée. Ils s’y installent, en toute innocence, pour mendier. Mais ils sont rapidement dévisagés par une population bourgeoise et hautaine uniquement composée d’adultes. Visiblement choqués par la présence de mendiants dans leur ville, les habitants ont tôt fait de faire intervenir la maréchaussée…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
L’aventure des trois adolescents se déroule dans une ambiance de conte pour enfants. On croirait la ville bâtie en carton-pâte, les voitures sorties tout droit d’un parc d’attraction. Mais de conte, les évènements n’en ont que l’apparence. Ce monde aux atours mielleux est pour le moins cruel et tourmenté : la fillette meurt dramatiquement à la septième planche. On ne sait pas encore ce que Denis-Pierre Filippi (Le livre de Jack, Marshall, un drôle d’ange gardien…) veut nous démontrer en faisant planer sur la ville la crainte d’un croquemitaine fantomatique. Mais ce premier tome pose un regard bien cynique sur une humanité qui voit les vieux riches pousser les enfants pauvres à la mort. Ce drame est servi par un Fabrice Lebeault au dessin assez novateur. L’univers, les styles architecturaux, les mécaniques du début XXe rappellent bien sûr sa série phare, Horologiom. Mais son trait prend ici une dimension plus réaliste. Quelques flash-back en bichromie sépia, dépourvus de cadres et de philactères, ajoutent une forte touche de poésie. A suivre avec grand intérêt…