L'histoire :
Il y a 19 ans, le roi Igor qui régnait sur le royaume des six ponts sombra dans la folie au moment de la mort de sa femme. Il se lança dans des projets guerriers et tenta d’asservir par la force les cités alentours, dont celle tenue par un homme sage, le comte de Rose-Adieu. Serge, le frère d’Igor, tenta bien de l’empêcher de commettre l’irréparable, c’était trop tard : le royaume de Rose-Adieu était en feu et le comte assassiné. Serge eut juste le temps de sauver sa fille, Blanche-Fleur, alors bébé. Pendant ce temps, Igor plaçait à la tête de la cité un capitaine félon qui lui avait ouvert les portes de la ville, Gaspard de Malfour. Pour protéger l’héritière, Serge changea son prénom et la confia au bouffon du roi, Thibault, qui la confia lui-même aux bons soins d’une gentille aubergiste. Un tatouage dans la nuque de la fillette lui permettrait, à ses 20 ans, de réclamer éventuellement son trône légitime. Mais aujourd’hui, un jour radieux se lève sur le Royaume des Six Ponts, désormais gouverné par le vieux et bon roi Serge. Anne l’aubergiste poursuit les travaux de sa future taverne, tandis que son ex-amoureux François tombe éperdument amoureux d’une nouvelle capitaine de la garde, une vaillante femme prénommée Sophie. Au château, l’on organise le mariage prochain de la princesse Cécile avec Eric d’Arbédie, ce qui permettra d’unir les forces des deux royaumes. Mais ces préparatifs engendrent quelques tensions, notamment chez la Reine qui entend bien tout régenter comme elle l’a décidé…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce Royaume de Blanche Fleur à forte pagination (108 planches !) et en grand format vient en quelque sorte poser la clé de voûte de la réjouissante série de Benoît Féroumont, Le royaume. Néanmoins, il n’est pas nécessaire d’avoir lu la série précitée pour prendre un immense plaisir à découvrir les nouvelles aventures d’Anne l’aubergiste, du bon roi Serge et de sa clique, la princesse Cécile, le bouffon-conseiller Thibault, François le soldat amoureux, l’acariâtre Reine, la vieille sorcière Berthe, la pénible Candice et les p’tits oiseaux qui causent, parlent, jactent et bavassent à qui mieux-mieux. Pour les besoins d’une intrigue jouissivement ficelée, l’auteur convoque également de nouveaux personnages (Rodolphe, Gaspard de Malfour, Sophie) et étend le contexte. On découvre ainsi le royaume voisin de Rose-Adieu et son triste sire ; on découvre encore que François n’est plus l’indécrottable amoureux d’Anne (Oh !) ; on découvre enfin lors de deux flashbacks le secret de famille qui scella, jadis, un fond de suspens fort fertile. Avec une fraîche bonne humeur et pas mal d’humour, Féroumont satisfait à tous les poncifs du conte médiéval pour camper son univers. Une héritière cachée jusqu’à sa majorité, des velléités d’invasion voisine, une odieuse conspiration, des vrais et des faux traîtres… Mais aussi des dialogues bien sentis et faussement naïfs, un dessin caricatural et immersif, qui joue le jeu de la fresque en intercalant régulièrement de belles cases pleines pages. Celles-ci sont typiques des illustrations accompagnant généralement les contes écrits enfantins, ce qui a tendance à accorder une « petite dimension universelle » à l’œuvre. Espérons que Benoît Féroumont trouvera l’occasion d’autres « extensions » inspirées de cette sorte à cet univers franchement réjouissant.