L'histoire :
Les meilleurs amis Abel et Georges passent leurs temps ensemble, dans une ville libanaise. Lorsque leur amie Sarah revient après 22 jours à l’étranger, elle les convainc de jouer les héros venant au secours des habitants de leur ville. En effet, les plombs sautent régulièrement dans la ville et obligent les habitants à descendre de leur appartement pour remettre le courant. Sarah propose de se masquer et d’aller chacun de son côté remettre discrètement le courant dans les quartiers… Trente ans plus tard, Abel vit désormais en France avec sa fille Billie qui ne connait rien de son pays d’origine. Rendant visite à son ami qu’il n’a plus vu depuis des années, Georges fait mine de venir simplement par courtoisie. Mais il embraye rapidement pour lui annoncer que son père est malade et qu’il devrait rentrer pour être à ses côtés. Pour Abel qui a mis son passé et ses origines derrière lui, il est hors de question qu’il remette les pieds dans ce pays au quotidien chaotique. Cependant, Billie n’est pas du même avis. Elle aimerait découvrir son pays d’origine et revoir son grand-père qu’elle n’a vu qu’une fois lorsqu’elle était encore toute petite. Contraint de suivre sa fille, qui se passe de l’autorisation paternel, Abel fait donc son retour sur sa terre natale. Il comprend rapidement ce qui lui a fait fuir ce pays, des années auparavant…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Pour son nouvel album, l’auteur libanais Joseph Safieddine propose un récit personnel au cœur d’une métropole anonyme dans un pays au quotidien chaotique pouvant passer en un instant du calme à la tempête. C’est dans cet univers que le scénariste installe son héros Abel, alors qu’il est encore enfant et s’amuse avec insouciance avec son meilleur ami et la jeune fille dont il est éperdument amoureux. Mais dès le chapitre suivant (sur quatre au total), on retrouve Abel trente ans plus tard vivant très loin de ses origines. On ne peut jamais véritablement fuir son passé et inévitablement, le héros va devoir revenir sur sa terre natale… On comprend vite, en tant que lecteur, qu’Abel a quitté son pays suite à un événement traumatique. Mais c’est au fur et à mesure de la lecture que l’on comprendra ce qui s’est réellement passé. Riche de 176 pages, ce récit se veut aussi émouvant que plaisant et prenant. Au dessin, Cyril Doisneau propose une intéressante mise en images en noir et blanc. La noirceur vient se poser comme une brume lorsque le courant se coupe soudainement. Le dessinateur ne fait intervenir la couleur que lorsqu’il s’agit du monde virtuel dont Abel a fait son travail. Bref, ce récit intimiste très réussi est aussi original que divertissant.