L'histoire :
Genino, ancien propriétaire d'un bordel, est sorti de taule. Aussitôt, il envoie ses sbires, deux gorilles aux manières rustres, questionner le distingué Antony Bellock. Genino recherche Lilly hot legs, son ex, une danseuse qui fait chavirer les coeurs masculins. Il veut se venger de ses précédents amants, et notamment de Lord Troplong, dont des photos compromettantes seraient en circulation. Genino est aujourd'hui persuadé que ces clichés sont en possession du journaliste Jack Lord, lui aussi une vieille connaissance de Lilly. En rentrant chez lui, Bellock trouve Lady Elza à moitié dénudée, qui sort de sa douche ! Elle lui annonce avoir divorcé de Jack et s'enivre toute la soirée en sa compagnie – en tout bien tout honneur, bien sûr. Le message passe toutefois et le lendemain, Lady Elza contacte Feet (un membre de la famille royale qui préfère vivre à l'état de clochard), afin d'en savoir plus sur cette fameuse Lilly, qu'elle voit comme une rivale. Après avoir obtenu de lui l'adresse du cabaret où l'affriolante jeune femme se produit désormais, elle s'y rend un soir, en compagnie de Bellock. Envoûtée par le spectacle sexy auquel elle assiste, elle décide de se faire embaucher en tant que doublure de l'artiste. Elle a en effet quelques atouts physiques non négligeables...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Une fois n'est pas coutume, commençons par la fin. Dans la postface amère de ce 6e (et dernier !) opus, Jean Dufaux communique sa frustration de n'avoir pas su faire aimer les Rochester au public et s'en excuse auprès de son compère Philippe Wurm, au dessin. Avec beaucoup de lucidité, il en analyse et assume parfaitement les failles, mais regrette, en gros, que ses goûts en matière d'humour british distingué, de « snobisme décalé », n'ait point suscité plus d'enthousiasme. Toujours est-il que cette communication rare et sincère, à l'intention de ses lecteurs, sonne péniblement la fin de la série : en ces temps éditoriaux difficiles, il est quasi impossible de survivre sans succès commercial. Or ce mea culpa vient en conclusion d'un épisode un peu bancal qui confirme ce constat : malgré un graphisme élégant en ligne claire, des décor soignés, des dialogues et voix-off exquis, des personnages aux comportements « so british », ce sixième opus n'emballe jamais. Par exemple, il faut attendre la page 42 (sur 48) pour voir enfin apparaître Jack Lord, le « co-héros » de la série, qu'on attend depuis la première case... En fait, dès le départ, un faux rythme s'installe et on peine tout du long à comprendre les motivations exactes des protagonistes, la finalité de leurs actes. L'humour très particulier pratiqué dans cette chronique de moeurs britannique semble effectivement s'épuiser une fois couché par écrit.