L'histoire :
Le choucas prend un pot avec son ami Gabin, un noir d’imposante corpulence. Ce dernier lui confie son agacement de l’ambiance ultra-sécuritaire du moment, et sa crainte pour ses gosses des contrôles au faciès de plus en plus récurrents. Deux jours plus tard, un autre pote pizzaïolo fait appel au Choucas, pour ses services de détective privé. Benoît, le fils adoptif des voisins du dessus, les Bottin, est introuvable depuis plusieurs jours. Eux aussi craignent un coup de zèle des forces de police, étant donné que Benoît est jeune, noir et porte une casquette… Malgré tout son savoir-faire, le choucas ne parvient pas à délier les langues dans l’entourage du jeune homme. Il parvient alors à obtenir des infos par l’intermédiaire des fils de Gabin, des copains à lui. Ils expliquent que, suite à un contrôle particulièrement musclé et injuste, Benoît a décidé de migrer sur la terre de ses ancêtres, en Afrique. Le Choucas s’envole donc pour le Mali… suivi par Gabin qui accepte de l’épauler dans cette enquête, mais deux jours plus tard, pour éviter d’éveiller la méfiance. Officiellement, le Choucas est en repérage pour trouver des circuits touristiques. Rapidement, il se doute néanmoins que sa couverture est éventée. Un guide local sulfureux, puis un européen tout aussi louche, l’alcoolisent et le font parler…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après le Népal, c’est sous des latitudes plus équatoriales, précisément au Mali, qu’on retrouve le Choucas, comme l’indique le titre de cette seconde enquête, sous ses nouveaux apparats renouvelés en grand format. Il s’agit pour notre détective privé de retrouver un jeune fugueur, fuyant la société ultra-sécuritaire française, pour une autre inversement ultra-dangereuse. C’est l’occasion pour Lax, son auteur, de fustiger d’une part l’autoritarisme de notre société et les excès du libéralisme, et d’autre part de dénoncer le commerce inconséquent des réseaux de passeurs. Dans les deux contextes, le jeune fugueur, sujet de l’enquête, ne se trouve pas à sa place. C’est ici tout le propos d’un problème politique éminemment sensible. Le Choucas nous éclaire donc sur notre humanité décadente, une fois de plus sous un angle particulièrement misanthropique. Et son auteur Lax, de se délecter de l’ambiance de polar noir qui fait le charme de la série. Les dialogues – la voix off narrative en particulier – sont une nouvelle fois d’un cynisme jubilatoire, ciselés aux petits oignons. Et évidemment, son coup de crayon conjugue tojours précision et spontanéité, marque ultime des plus grands. Ses planches ne se départissent pas non plus de la quasi-bichromie ocre et noire transversale à la série, ce qui convient pour le moins à la chaleur et à la poussière de la brousse…