L'histoire :
Après son enquête dans le milieu forain qui a abouti à… un meurtre, le lieutenant Bertillon a été muté par sa hiérarchie sur la banquise, en guise de punition. Sa problématique du jour (obscur) : retrouver deux jeunes qui se sont éloignés du village alors qu’une tempête de blizzard arrive. Parti en moto-neige avec deux collègues flics esquimaux vers le troquet de Bruce, Bertillon se perd dans la brume lorsqu’il croit suivre un traineau tiré par des rennes. Il sympathise alors avec un pingouin qu’il baptise « Tak ». Puis se retrouve menacé par un morse ; lui-même croqué providentiellement par un orque. Evidemment, les talkies-walkies ne fonctionnent pas au-delà de 200 mètres et il a oublié de faire le pain d’essence. Le voilà en panne et à pieds dans la nuit et le froid ultimes. Soudain la banquise s’ouvre devant lui dans un fracas. Un bateau congelé vient de remonter à la surface. Bertillon croit perdre le sens des réalités dans ce patelin. Son collègue le retrouve frigorifié à l’entrée du village. Bertillon raconte ce qu’il lui est arrivé et tout le monde le prend pour un fou. Jusqu’à ce qu’il dise le nom du bateau qu’il a vu réapparaître : le Sedna. 30 ans que ce dernier a disparu avec, à son bord, 6 habitants du village, dont le capitaine Elijah, un éminent inventeur. Bertillon va devoir s’occuper d’une nouvelle enquête qui vient de remonter à la surface…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
La première enquête déjà tarabiscotée du Lieutenant Bertillon, dans les milieux forains et shamaniques, nous avait présenté un personnage de flic faussement naïf et incompétent – pas si loin de Jérôme K Bloche... mais différent. Ce second tome pousse encore plus loin le curseur du scénario foutraque, en nous emmenant sur la banquise. Allons bon, comment un flic français peut-il être muté « par punition » au sein d’une unité d’un autre pays, avec des méthodes, des lois et un milieu si dissemblables ? Ce ne sera pas la seule facilité narrative. Sur cette banquise, donc, Bertillon doit enquêter sur ce qui est arrivé à un bateau disparu depuis 30 ans, qui vient subitement, brusquement, incompréhensiblement, de remonter à la surface. Comment ? Pourquoi ? Le fil d’un scénario improbable et franchement tordu se dessine, entre les effets de suspens, les évènements rocambolesques et les secrets de famille grosses ficelles. La scénariste Carine Barth a chargé le kayak : il y a une invention révolutionnaire, un coffre au trésor, un tueur au couteau embusqué, des revenants jamais vraiment partis à l’insu de tous… Cerise sur le gâteau, le final (que nous tairons) est surréaliste et complètement artificiel. On se raccroche donc à la plasticité du dessin de Cyrille Pomès, dont la stylisation semble de plus en plus… stylisée, avec par moment des cadrages qu’on met quelques secondes à comprendre. Parfois le pouce d’une main est plus gros que la tête. Parfois un œil est en fait une narine. Il n’empêche que ce dessinateur a un vrai talent pour les cadrages, les masses et les profondeurs, au sein d’un découpage une nouvelle fois très dense.