L'histoire :
Les infos du jour : quelle plaie ! La crise, l’endettement, les emplois précaires... 2020, c’est vraiment de pire en pire. Évidemment, être un artiste de BD dans cette période, c’est être un peu fou ! Nicoby a conscience de tout ça. Du coup, il essaie de se diversifier en pratiquant d’autres méthodes artistiques. Aujourd’hui, il s’essaie à la calligraphie. Sa femme le regarde faire et elle tombe sur un CD dessiné par un ami. Elle essaie de comprendre son style. Nicoby lui explique que c’est du roman graphique où le plus important n’est pas l’histoire mais la façon de la raconter. Malgré tout, les albums qu’elle feuillette la laisse sceptique. Ils sont réalisés par des amis de l’association que côtoie son mari mais elle n’est pas du tout touché par ce qu’elle voit. Nicoby lui expose alors son nouveau projet : faire un album actuel qui parlerait de... la crise ! Là encore, elle ne comprend pas bien l’intérêt. Mais après tout, c’est une belle idée : rendre la banalité intéressante ! Le projet commence bien...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Nicoby est un habitué des bande dessinées autobiographiques. Il a également réalisé des albums sur le neuvième art notamment avec Dans l’atelier de Fournier ou encore un album consacré à Pilote. Et s’il faisait une bande dessinée qui réunissait ses deux thématiques ? L’idée est plutôt intéressante et Nicoby s’y attelle avec une maîtrise et une fluidité remarquables. On retrouve l’humour subtil qu’il utilise quand il raconte des saynètes du quotidien tout en découvrant également l’envers du décor du monde de la BD. Des festivals de Saint Malo en passant par des dîners avec des auteurs, de l’organisation d’expos à des créations de projets, du syndrome de la page blanche à la communication avec les médias (mais pas Planetebd...) : tout y est ou presque. Les clins d’œil aux artistes plus ou moins connus sont savoureux et la réflexion sur le travail d’artiste une vraie découverte. On se régalera donc de pas mal d’anecdotes, d’autant que Nicoby croque à merveille les auteurs qu’il rencontre. Dans un pur style Margerin (affiliation qui est rappelée dans ce tome), il dessine de façon juste et gentiment caricaturale parfois, alternant également des jeux de couleur suivant les périodes de l’année. Il se fait d’ailleurs plaisir avec quelques passages de virtuosité où il laisse parler son trait comme des exemples de dessins de nus ou de voitures anciennes. On a même un pastiche de Tif et Tondu (Nicoby rêvant de faire une BD sur les personnages du journal Spirou). Alors oui, cela s’adresse vraiment aux amateurs de BD et les autres n’y trouveront peut-être pas leur compte. La linéarité de l’album (qui suit les quatre saisons) est également artificielle, mais seul le ton compte. Et pour cela, Nicoby ne manque pas de talent !