L'histoire :
Adolescente, Olive est assise dans le canapé de sa psychologue. Elle ne décroche pas un mot. Plutôt étonnée, cette dernière se demande si elle ne doit pas la recommander à un autre confrère. Interrogeant la jeune fille sur son mutisme, Olive lui rétorque que c’est parce que la psychologue ne croit pas en son monde imaginaire. Effectivement, Olive partage son temps entre la réalité et un monde composé d’une lune bleue avec un lac rose salé, dont 28 blocs de pierres tendres sculptées montent la garde. Dans ce monde, elle est libre comme l’air et aménage son espace à sa guise. Mais le retour à la réalité est souvent abrupt. Comme ce matin-là où, rêvassant dans le bus, elle loupe l’arrêt du lycée. Le pas lourd et nonchalant dans la neige la conduit bon gré mal gré au pensionnat de son école. Traversant le long couloir d’un pas rapide afin de ne rencontrer personne, elle se réfugie dans sa chambre, ouvre son livre de mathématiques et sombre dans son imaginaire. Discutant avec son canard de bain, sirotant un cocktail de son cru en jouant à un jeu de plateau qu’elle a imaginé, elle se sent elle-même. Cependant, comme toujours, le retour à la réalité est difficile. Surtout que, dans sa chambre, il y a une jeune fille qui vide ses cartons. Apparemment, cette année elle ne sera pas seule dans sa chambre...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Bienvenue dans le monde d’Olive. Un monde imaginaire où la jeune fille parle à son canard de bain ou a un phoque, se téléporte d’une forêt rouge à une bulle d’eau, se repose dans son rêvarium et vit pleinement. Mais Olive est juste une adolescente et son manque d’attention, ainsi que ses absences, sont les piliers de sa différence sociale. Et cette différence n’est pas acceptée par ses camarades. Vero Cazot, la scénariste, nous livre une histoire à première vue légère, d’une adolescente qui s’invente un monde pour s’extraire de la réalité. Mais au fil du déroulement de l’histoire, les thèmes abordés sont beaucoup plus profonds et complexes. Ce premier tome sur les quatre prévus permet de mettre en place l’histoire. Plusieurs liens secondaires, en plus du fil directeur principal, sont mis en place afin d’étoffer l’intrigue. Le récit est bien mené, même si, à ce stade, le lecteur ne sait pas encore où les autrices veulent l’emmener. Graphiquement, Lucy Mazel a fait un grand et beau travail. Le monde imaginaire d’Olive est très joli, subtil, donnant une impression de légèreté. Un effet de style avec des plumes bleues autour de la tête d’Olive prévient le lecteur que cette dernière est représentée dans le monde réel, mais qu’elle est en train de suivre une belle aventure dans son monde imaginaire. Ce détail parait anodin, mais il aide grandement la lecture et la compréhension de l’œuvre. Ainsi, une lune bleue dans la tête est une mise en bouche engageante, toute en subtilité et en légèreté, d'une série qui comptera 4 tomes. Mais attention, légèreté ne veut pas dire simple et dénué de sens...