L'histoire :
Salvatore est garagiste. C’est même un mécanicien de génie. Salvatore est garagiste et depuis l’enfance, il est amoureux de Julie. Aussi, pour aller retrouver, en Amérique du Sud, celle qui enflamme son cœur, a-t-il eu l’idée de génie de construire un superbe engin qu’il a modestement nommé la « juliemobile ». Pour mettre à bien son projet, il n’a pas hésité à emprunter quelques pièces sur les véhicules de ses propres clients. Et ça a marché… Il entame donc son périple avec son petit homme de compagnie. L’itinéraire choisi est des plus alambiqués, des moins directs, mais il offre un fabuleux terrain de jeu à notre aventurier en herbe. Au cours du voyage, Salvatore dépanne une jolie conductrice en lui proposant une place dans sa fabuleuse auto. Cette fille a un charme fou. De fait, les sentiments de notre sympathique mécanicien sont malmenés. Les voilà donc qui font route vers l’Autriche où cette irrésistible beauté doit retrouver son fiancé, un photographe de mode aux mœurs légères… De légèreté, pour Amandine, il n’en est point question. Elle, c’est son petit François qui est l’unique objet de ses préoccupations. Le petit a disparu le jour-même de sa naissance, suite à un malheureux accident (qu’elle a justement eu en revenant de chez Salvatore, son mécano). Depuis, sa vie est un cauchemar : elle n’arrive pas à garder un emploi et donc à remplir le frigo pour nourrir ses 12 autres enfants. Pour permettre à leur maman de se concentrer uniquement sur ses recherches, ces derniers multiplient des petites combines rapidement lucratives. Libre de toute contrainte, Amandine fait appel à un détective privé. Lui, se met rapidement sur une piste, en allant faire un petit tour dans les égouts…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne se lasse décidemment pas de ce Salvatore… En 4 chapitres, Nicolas de Crécy nous aura définitivement accrochés à son univers décalé dans lequel il nous guide via un toutou, génie de la mécanique, et une truie myope désespérée. A nouveau, ici, il cisèle sa narration avec limpidité, en menant de front le périple de Salvatore, en route vers sa Julie, et l’enquête d’Amandine pour retrouver son porcelet disparu. Avec malice, il prend soin de ne jamais se faire télescoper les deux récits. Tout au plus, il les fait se frôler pour mieux nous faire languir. Changement de cap pour le premier (et confirmation de son indéfectible amour pour Julie), pris subitement par l’envie de faire claquer ses oreilles sous l’air iodé breton, pour rejoindre son aimée. A moins que… Enquête minutieuse en compagnie d’un détective privé de première catégorie (et particulièrement savoureux) et prises de risques maximum pour la seconde. Autour de nos deux héros, virevoltent toujours plusieurs sous-récits tout aussi juteux (les combines de frères du porcelet disparu, celles du paternel de sa nouvelle « maman »…) qui ouvrent multiples pistes de réflexions sociologiques parfaitement actuelles. Tout cela fonctionne à nouveau parfaitement bien. Chacune des rencontres avec les uns ou les autres est un régal absolu. Loin de nous lasser, le récit rebondit avec jubilation. Même constat pour le dessin (surmonté d’une excellente colorisation) : déroutant mais vivant et surprenant d’efficacité.