L'histoire :
A Manchester, à la fin du XIXe siècle, la charmante Elizabeth Griffith voue sa vie à l’enseignement au bénéfice des défavorisés. Mais un jour, elle et son équipe sont mis à la porte de leurs bâtiments, par manque de subsides pour payer un loyer exorbitant. Anéantie par ce coup du sort, elle décide d’utiliser l’héritage de son père, qui vient juste de succomber, pour aller dénicher en Inde, un trésor légendaire qui lui permettra de rouvrir l’école. Elle sait pourtant que ses parents se sont jadis lancés dans cette quête et que le périple fut un désastre : seul son père s’en est tiré indemne, tandis que sa mère devait définitivement sombrer dans la folie. Elle a lu en détail l’épais carnet de notes, légué par un ami, riche en révélations de toutes sortes et parfaitement explicite sur les dangers de la jungle : rebelles, animaux sauvages et venimeux, terrain particulièrement accidenté… Elle s’est également renseignée sur le « Samsara », une théorie bouddhiste selon laquelle une famille peut se transmettre une malédiction de génération en génération. Mais elle a aussi potassé un tout autre ouvrage… De toute façon, sa détermination et son idéalisme sont les plus forts : elle réunit une équipe, profitant de l’intégration sociale de sa sœur Charlotte et de son époux John sur place. Bien entendu, Beth évite soigneusement de parler à ses proches des épreuves vécues par ses ancêtres. Enfin, c’est le jour du départ. Chemin faisant, elle tombe progressivement amoureuse de Wallace Melrose, un ami de la famille. Puis, alors que la petite troupe est talonnée par des paysans révoltés, la traversée d’un pont est l’occasion d’un premier drame…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Le premier volume avait mis la barre très haut ! Le frisson de la grande aventure avait traversé le lecteur, tandis qu’il pénétrait aux côtés de partenaires cupides dans une jungle truffée de périples mortels, à la recherche d’un trésor fabuleux. Cette seconde moitié de diptyque réemprunte strictement les mêmes ingrédients : 30 ans plus tard, une seconde équipe, d’un effectif identique, remet le couvert et se frotte aux mêmes types d’obstacles… bien que différents : rebelles, animaux sauvages, hécatombe et folie parmi les rangs. Une thématique supplémentaire fait toutefois son apparition : ils doivent à présent rompre avec le « Samsara » (l’hérédité d’une même malédiction, pour faire court). En marge d’une aventure parfaitement documentée et rythmée, Giroud entremêle évidemment l’ingrédient clé de sa série : les Secrets de famille. En effet, il s’en révèle à nouveau en pagailles des cachotteries dans ces 78 planches, à moult niveaux et jusqu’à la fin ! Tout se tient, s’imbrique et se découvre se sublime manière. Aux dessins, Michel Faure réemprunte logiquement, et avec brio, la technique en couleurs directes employée sur le premier tome. Néanmoins, ce second opus n’a visiblement pas bénéficié du même peaufinage ultime. Certaines cases sont un peu surchargées en coloris, parfois limite expressionnistes et lisibles (notamment les protagonistes se détachent difficilement dans la luxuriance de la jungle). Il n’en reste pas moins que le boulot est fabuleux et que de nombreuses planches nécessitent des pauses, le temps de la contemplation. Deux tomes consistants de 78 planches, un scénario dense et brillant, un superbe dessin tout à l’aquarelle… Les auteurs et l’éditeur ne se moquent pas des lecteurs ! Sans doute le meilleur Secrets de Giroud depuis L’écorché.