L'histoire :
A la terrasse d’un café, Magda apprend à son amie Loulou qu’elle est enceinte. Elle a 35 ans, ça fait deux ans qu’elle est en couple avec Nour, son homme… mais est-ce une bonne nouvelle pour autant ? Car Nour est marocain et dans sa culture, avoir un enfant hors mariage est une aberration, ou pire, une provocation. Or Magda ne conçoit pas de devoir se marier et s’enterrer là pour toujours… Bref, elle a besoin de réfléchir (et d’arrêter de fumer). Elle trempe ses pieds en solitaire sur une plage du littoral, lorsqu’une rousse inconnue se tient devant elle, les mains en sang. Muette et l’air paumé, la jeune femme vient d’avoir ses menstruations… Magda lui propose de l’aider et la ramène chez elle. Là, la rousse aperçoit une photo de Nour dans un cadre et sans explication, à la grande stupéfaction de Magda, elle brise le cadre par terre. Puis elle se sauve et disparait. Connaitrait-elle Nour ? Pourquoi a-t-elle fait cela ? Toujours est-il que Magda se questionne encore plus. Le lendemain, Magda roule en voiture sur une route sinueuse du désert marocain. Soudain, elle freine : la rousse se trouve là, sur le bas-côté…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Les éditions Dupuis présentent ce one-shot comme « un road movie hypnotique au Maroc, entre mer et montagnes ». Voilà voilà… A la lecture, on découvre un scénario très confus, qui fait une large place aux impressions oniriques et aux métaphores poétiques, plutôt qu’aux repères narratifs solides (exemple : p.11, Magda a 35 ans ; p.32, elle en a 33…). Daphné Collignon a sans doute voulu mettre beaucoup d’elle-même à travers une sorte d’introspection graphique en BD : l’auteur a à peu près l’âge de son héroïne, Magda, elle vit en couple avec un marocain et se pose elle aussi des questions sur le choc de leurs cultures. Le gros du propos questionne aussi beaucoup l’idée de maternité et l’engagement que cela implique. La rousse est-elle une émanation fantomatique du futur être enfanté ? Ou réellement une ex-girlfriend de son homme, qu’on ne voit jamais ? Sombre et angoissant, cet album ressemble à un exutoire intime, qui parlera peu aux lecteurs qui ne sont pas Daphné Collignon. Certes, l’auteur montre parfois de pleines planches qui lorgnent vers l’art contemporain : des têtes de poissons sur fond de coït avec des fleurs dans un coin… des faisans qui traversent un arbre avec un crabe géant en bas… de jolis caractères arabes qui parleront peut-être à ceux qui lisent l’arabe. Et puis soudain, une photo d’arbre ; une photo de la surface de l’eau ; une pleine page de pensées poétiques manuscrites… Au mieux, on peut trouver ça envoutant. Au pire terriblement ennuyeux… et dans tous les cas assurément obscur. Ah oui, sinon, cela s’appelle « Sirène » car il s’agit d’une « variation très personnelle autour du thème de La petite sirène d’Andersen ». Heu…