L'histoire :
A San Francisco, Eva participe à des groupes de prises paroles, pour s’affranchir de sa dépendance à la sorcellerie (selon la même méthode que les AAA). Aujourd’hui, Santa avoue qu’elle peine à se passer de son vieux grimoire familial, mais qu’au prix d’un énorme travail sur elle-même, elle est prête à s'en détacher. Eva l’aide en lui demandant de laisser son grimoire au groupe. Puis Eric, sorcier, prend la parole et avoue lui aussi ses penchants honteux : la semaine dernière, il a même essayé de pactiser avec le diable (han !). La séance terminée, Eva s’en retourne chez elle... mais en emportant le grimoire de Santa ! Chez un herboriste, avec un voile sur le visage, elle se procure les ingrédients nécessaires pour, elle aussi, faire une incantation de pactisation avec le diable. Quand elle l’avoue à la caisse, le commerçant lui donne rendez-vous en chuchotant le soir même, pour le sabbat. En réalité, ce qu’aimerait retrouver Eva, c’est sa jeunesse. Les rides qui s’envolent, le souffle des premières amours… A la maison, elle ne supporte plus le climat tendu avec son mari, et sa fille en pleine période ingrate et gothique. Le soir venu, en lisière de forêt, de nombreux adeptes sont réunis, encapuchonnés ou masqués pour célébrer le sabbat…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A travers cette chronique sociale contemporaine où se côtoient sorciers et démons matérialisés, à vrai dire, on peine un peu à cerner le propos de l’auteur, Sandrine Revel. Crise de la quarantaine ? Dénonciation du dictat de l’apparence ? Rejet des crèmes antirides et de la chirurgie esthétique ? Parodie des histoires sataniques ? Son histoire ne s’affranchit jamais dudit genre et verse volontiers dans le grand-guignolesque, sans jamais embrasser non plus le style humoristique. Sur un faux-rythme un peu étrange et statique, sans jamais percevoir le terrain sur lequel l’auteur veut nous emmener, on suit cette Desperate housewife (une antithèse) et son gros problème d’addiction à la sorcellerie. Elle devra affronter les conséquences d’une pratique débridée de la chose… Le format d’édition atypique (petit et cartonné ?) déroute un chouya et graphiquement, on n’est également que moyennement emballé. Si les proportions sont maitrisées, Revel cadre ses personnages en gros plans, souvent rigides, sans panoramique ni grande profondeur de décors. Le style de trait et la colorisation délavée, volontairement vintage, renforcent néanmoins idéalement le sentiment de malaise d’une personne en but avec la société, se rapprochant par là du fabuleux Roi des mouches. Bref, on est ici assurément en dehors des sentiers battus, mais du coup un peu perdus…