L'histoire :
Noé suit sa sœur Ana dans les bois. Il ne comprend pas : ce n'est pas le chemin pour aller à la rivière ! Or il a mis son maillot de bain, il veut se baigner ! Ana le remet à sa place. Les parents lui ont imposé la surveillance de Noé, et elle n'a jamais dit qu'ils iraient à la rivière. D'ailleurs, ils sont arrivés. Devant eux, une grande grille se dresse. Elle est fermée par un cadenas et un message indique une fermeture de deux mois pour cause de danger. Pour faire rire son frère, Ana lui raconte une histoire. Il paraît que la grotte qui se cache derrière la grille est si grande, que des avions atterrissent et décollent à l'intérieur ! Noé rigole, mais très vite son sourire disparaît. Une silhouette masculine approche. C'est le petit ami de sa sœur. Noé devient tout de suite invisible, pendant que les adolescents s'embrassent à pleine bouche. Il en a marre, c'en est trop. Il se glisse à travers les barreaux et court vers la grotte. Ana s'en aperçoit, mais elle n'est pas aussi petite pour se faufiler entre les barreaux. Elle demande à son copain de lui faire la courte échelle pour passer par-dessus le portail. Puis elle court pour rattraper Noé. La grotte est noire, Ana allume la lampe torche de son portable. Pas de traces de Noé. Son pied glisse et la voilà qui dégringole une immense pente en criant. Elle est projetée dans les airs et atterrit dans une forêt extérieure à la grotte. Malgré la douleur, elle se relève et découvre autour d'elle des fantômes. Où a-t-elle atterri ? Elle n'a plus de portable, ne connaît pas ce monde qui l'entoure et ne voit pas Noé dans les parages...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Au premier coup d'œil, la couverture aquarellée de Gaël Henry nous laisse entrevoir une bande dessinée centrée autour des contes, à destination du grand-public, peut-être même au public jeunesse... Attention, il n'en est rien ! Et le titre nous l'indique : cette histoire est Terrible ! Les personnages vont certes vivre des aventures inspirées des contes et du folklore slave (l'un des personnages au centre de l'album est la sorcière Baba Yaga). Mais le récit est initiatique et surtout, le conte cruel ! En partant à la recherche de son petit frère, Ana va être propulsée, un peu à la manière d'Alice au pays des merveilles, dans un monde parallèle. Mais celui-ci est très hostile... Les personnages y ont leurs névroses et sont, on peut le dire, complètement cinglés ! Il n'est pas rare d'assister à des scènes violentes, de décapitation ou d'assassinat. L'auteur utilise un humour grinçant, qui renforce l'étrangeté de l'aventure. Comme Ana, nous nous demandons où elle a atterri... Et puis, elle va croiser LA terrible Baba Yaga et elle devra même travailler pour elle. Cette sorcière redoutable n'a aucune pitié ! Ana rencontrera aussi Vassilissa (l'héroïne du conte russe Vassilissa-la-très-belle) qui ne quitte pas sa poupée. Si l'album commence de manière classique et convenue, le fil des pages surprend par la tournure et le ton. Gaël Henry a choisi des douces aquarelles pour mettre en images la quête identitaire d'Ana, qui va passer de l'adolescence à l'âge adulte, et qui donnent l'impression d'une apparente tranquillité. Jusqu'au bout, la tension est palpable et sur les dernières pages, l'auteur continue de nous étonner.