L'histoire :
Harvey Drinkwater était jusqu’à ce jour journaliste à Boston. Pour pallier la mort accidentelle d’un collègue, son patron lui impose un reportage dans la pire bourgade de l’ouest sauvage, Hell’s Half Acre. Frêle et un peu ingénu, il débarque du train et s’accroche immédiatement à un cow-boy à la tronche blasée qui surveille les nouveaux arrivants. Ivy, qu’il s’appelle, refile volontiers au blanc-bec des tuyaux pour survivre dans la région, contre quelques rasades de whisky. En priorité, Harvey veut faire fortune. Il a alors le choix entre devenir chasseur de primes ou bandit. Dans les deux cas, mieux vaut commencer par savoir tirer. Tandis qu’il s’entraine dans le désert sur des bouteilles et un malheureux crotale, Harvey croise le célèbre Sam Bass. Il le reconnait aussitôt : sa tronche est affichée un peu partout pour 5000$. Bass, lui, recherche le fils de pute qui lui a piqué le magot récemment pillé dans une banque. Etonnamment, les deux hommes sympathisent. Quelques semaines plus tard, Bass engagera même Harvey pour un coup. Néanmoins, Bass n’est pas un meurtrier, contrairement à Betsy Malone, beauté froide et joueuse de poker au saloon local. En effet, elle poignarde régulièrement les hommes qui lui font penser aux violeurs qui ont abusé d’elle dans sa jeunesse…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Deux ans pile après voir réalisé le fantastique et cocasse Omni-Visibilis, Lewis Trondheim et Matthieu Bonhomme réitère une collaboration en one-shot dans un registre radicalement différent. Comme son titre n’en fait guère mystère, Texas Cowboys est un pur hommage de genre, un concentré de western qui fleure le sang et la poussière à plusieurs ranchs à la ronde. Shérifs corrompus, cowboys vénaux, salopes fatales, bandits patibulaires se livrent ici à une partition bourrée de clichés, à base de règlements de compte, de lynchages, de braquages et de dynamites, mais d’une incroyable justesse. Les presque 200 pages petit-format sont découpées en autant de chapitres que de fascicules publiés gratuitement au cours de l’année scolaire 2011-2012 au sein de la revue Spirou. Chaque acteur de la savoureuse galerie de personnages est ainsi globalement introduit par une couverture « d’époque » lorgnant vers la série Z. La narration se joue quant à elle de la chronologie linéaire, en mélangeant les moments sans qu’on s’y perde jamais. Aussi astucieux dans les dialogues que dans la mise en scène, par tous ces petits biais diablement maîtrisés, Trondheim impose un ton contemporain et cinématographique exquis. Et évidemment, le talent de Bonhomme pour les encrages semi-réalistes, simplement rehaussés de 2-3 teintes de couleurs ternes en aplats, se montre une nouvelle fois épatant et adapté. Bref : un méga pied pour qui apprécie le registre !