L'histoire :
Avec son cartable en bandoulière et son joli costume bleu, le cultivé et gentil Walter Appleduck se pointe dans une ville du far west appelée DirtyOldTown – ousk’on n’aime pas trop les étrangers. Il se présente comme nouveau stagiaire au shérif du patelin, au moment même où le terrible Rascal Joe s’évade. Après avoir beuglé l’alarme (vaine et inefficace), le shérif colle aussitôt Appleduck à son adjoint Billy, ce qui le dérange en plein pendant sa sieste. Appleduck explique qu’il est là pour alimenter sa thèse sur l’Ouest américain et sa violence sous-jacente en tant que vecteur de valeurs fondatrices et outil de domination impérialiste dans un conflit ethno-culturel latent. Ce qui laisse le shérif et son adjoint pantois. Une visite de la ville s’impose. Pour commencer, évidemment, le saloon ! Car c'est aussi l’occasion de se rincer le gosier. Appleduck s’attend presque jouissivement à y trouver l’ambiance brute, sale et délétère, digne de l’Ouest sauvage… Mais non, il y a juste un loto de l’association des personnes âgées. C’est alors que se pointe Miss Rigby, l’institutrice locale, dont Billy est complètement gaga d’amour (et ça ne risque pas d’être réciproque).
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Avant et en marge d’être le cultissîme et vénéré « auteur de Zaï Zaï Zaï Zaï », Fabcaro s’est déjà amusé avec son pote Fabrice Erre à détourner et parodier le genre balisé de la conquête spatiale, avec Mars !. Tout seul, Fabrice Erre a également écorné le pouvoir suprême soviétique dans Guide sublime. Et les voilà aujourd’hui qui se réjouissent à ironiser sur les codes du western, un autre registre bien balisé. Car évidemment, il est jouissif d’opposer à ce monde de brutes béotiennes et grossières un peu de culture et de tendresse. Ainsi, à travers une vaste collection de strips de 6 cases (un gag par demi-page), Walter Appleduck incarne un stagiaire instruit et philanthrope, qui n’a de cesse d’être confronté à la bêtise crasse. A chaque gag, il rappelle la civilisation à sa ligne vertueuse, en dépit du peu d’intérêt qu’occasionnent généralement les idées humanistes dans une ville-cliché comme DirtyOldTown. Le dessin hyperlaxe de Fabrice Erre est toujours de mise, pour une lisibilité optimale et des effets rigolos de tronches caricaturales. Les auteurs découpent leur fantaisie fendarde en 10 chapitres, comme autant de tiroirs classiques du western : la prise de contact, les guerres indiennes, le bandit à pendre, les duels, l’arrivée du télégraphe, la campagne électorale, les voyages dans l’Ouest sauvage, les actualités, l’art. Une farce à recommander aux nombreux fans des auteurs, et aux autres qui ne manqueront pas de le devenir.