L'histoire :
Quatre créatures avancent péniblement à travers des maris putrides, bordant une chaîne de volcans issue d’une ère post-apocalyptique récente. Ils portent visiblement un harnachement lourd qui les protège d’une atmosphère irrespirable. Enfin, après bien des efforts, à bout de souffle, ils atteignent un littoral exotique, visiblement une terre promise vivable et respirable. A tour de rôle, dans un ultime effort, ils se débarrassent de leurs combinaisons et révèlent leurs métabolismes nus. Ils respirent enfin un air pur, à pleines bouffées. Ce sont trois hommes athlétiques – Jean, Mongo et Johnny – et une femme aux formes plantureuses, Anny. Cette dernière est inanimée, elle ne respire plus. Les hommes s’empressent de lui injecter un cocktail d’adrénaline revigorant. Après de longues minutes angoissantes, elle finit par revenir à elle. Ouf ! Elle était l’unique espoir d’un renouvellement possible de l’humanité, la dernière femme sur Terre, la nouvelle Eve ! Ils peuvent enfin laisser éclater leur joie. Ils ont échappé à l’enfer ! Ils font les fous, ils font l’amour à tour de rôle à Anny, voire tous ensemble. Après cette nécessaire débauche de luxure, vient le temps de la réflexion. Sont-ils réellement les derniers humains ? Il va falloir partir explorer la jungle luxuriante pour en être certain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Initialement parue en épisodes dans la revue Bédé Adult’ entre 1985 et 1987, Nagarya a ensuite été publié en deux albums (1991 et 1997). Sous la bannière des éditions Dynamite, ce luxueux volume compile aujourd’hui ces deux tomes en respectant le lettrage original de l’auteur Riverstone, et en ajoutant cinq planches opérant la jonction entre les deux volumes. L’intention est louable, la couverture accueillante et les premières pages feuilletées concordent à susciter l’enthousiasme. Voilà une jeune femme aux courbes généreuses qui s’avère être la dernière femme sur Terre, donc l’unique espoir de repeupler l’humanité. Donc une promesse de copulations réitérées (et non de fornications, car il y a intention reproductrice !) en compagnie des trois uniques mâles rescapés, format légionnaires. A noter : ces derniers sont athlétiques, avantageusement montés et victimes d’un priapisme affolant tout du long de l’album. Ces survivants batifolent dans un décor végétal luxuriant qui n’est pas sans évoquer les jardins d’Eden dans l’imaginaire collectif (Anny se fait d’ailleurs parfois appeler Eve). Et effectivement, ça copule beaucoup, de manière suave et zoomée ; et lorsque ça ne copule pas, notre héroïne toujours nue se tient dans des poses explicites aguicheuses. Ces deux atouts permettent à l’album de remplir l’exigence pornographique du registre. Hélas, concernant le scénario, c’est franchement catastrophique. C’est bien simple, on ne comprend rien. Ils baisent et explorent les environs, dans le désordre, sans intention claire… On se demande même souvent si l’assemblage des pages n’a pas été fait au doigt mouillé, d’autant que la numérotation originale des planches par l’auteur est parfois incohérente (tout ce qui suit la pl.67 est le bazar : une pl.32, puis ça repart à la pl.10… puis la pl.22 se retrouve après la pl.28… puis ça saute de la pl.36 à la pl.42… et il manque la pl.58). Cela s’accompagne de séquences oniriques parfois bizarrement gores (la pénétration du centaure), et parfois de positions plus saugrenues que suggestives (ex p.62). Dans la deuxième partie, d’autres femmes et un autre homme apparaissent (nus, bien entendu), mais on a trop décroché pour expliquer pourquoi. Reste le dessin en couleurs directes qui, malgré les disproportions coutumières du genre, prouve un réel talent de Riverstone, rudement mal exploité. Les feuilleteurs occasionnels retiendront quelques cases très réussies.