L'histoire :
Tout commence à l’automne 2011 dans sa cuisine. Après avoir défait du bœuf haché et du foie pour les malaxer, une sensation de froid extrême s’empare d’Eve Marie. Elle comprend alors que la nature de ce froid est la mort de ces animaux. Prise de malaise nauséeux, elle finit péniblement de préparer les empanadas et les pâtés chinois mais n’y touchera plus. La révélation passe par une personnalisation de l’animal, il n’est plus un objet inanimé, il a vécu une vie qui a engendré une telle terreur en lui qu’elle s’est transmise à elle. Les ouvrages d’Elise Desaulniers sur le sujet vont l’accompagner dans cette mutation profonde de son mode d’alimentation. Tout est fait depuis l’enfance pour adoucir notre vision d’une triste réalité. Non, la vie des animaux de la ferme n’est pas rose, surtout depuis que les fermes sont devenues des exploitations industrielles. Depuis le lait jusqu’au filet de bœuf, en passant par les œufs et les crustacés, les filières sont parsemées d’actes de cruauté animale.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Comment (et pourquoi) je suis devenue végane est un ouvrage typiquement de notre époque, dans le sens où il est là pour déboulonner des statues qui dérangent tardivement. Le dessin dans ce roman graphique est simplement le media du propos, il ouvre juste une voie pour passer le message même à ceux qui ne lisent que des bulles. La réflexion argumentée, sincère et spontanée d’Eve Marie accompagne ce déluge de prises de conscience quant à la cruauté de la condition animale qui va bien au-delà de l’industrie agro-alimentaire (fourrure, cuir, laine, duvet, dégriffage, castration etc.) Pour ne pas rester sur des concepts sans proposer de solution, elle partage ses bonnes pratiques et propose des alternatives. Une goutte d’eau dans un océan… qui rapproche néanmoins du moment où la coupe sera pleine. Si la démarche est louable, elle s’inscrit dans une nouvelle perception du monde qui rebat les cartes, quitte à éparpiller le paquet. Carnisme, spécisme, sexisme, racisme sont des concepts dépassés et inappropriés, c’est un fait. Mais… un peu à l’image de l’écriture inclusive, le véganisme peut sembler une solution extrême, là où le bon sens, s’il était généralisé, serait la réponse adéquate par une consommation mesurée, le respect du vivant et la préoccupation d’un civisme universel. Quoiqu’il en soit, Eve-Marie apporte sa pierre à l’édifice : elle ne juge pas, elle informe, donc le message passe bien !