L'histoire :
Un matin de 2012, le maire de Nantes, au Québec, près du lac Mégantic, reçoit de la visite. On lui annonce que dorénavant, il n'y aura plus qu'un seul homme qui conduira les trains de pétrole : le one man crew. Le maire est interloqué, ce n'est pas possible : on parle de centaines de citernes, aux contenus explosifs et dangereux. On parle de la responsabilité d'un seul homme, en pleine montagne ! Et s'il lui arrive quelque chose, un malaise ? Aucun danger, puisque le train s'arrêtera tout seul. Il est équipé d'un mécanisme d'homme mort, le dead man switch. Le maire n'en revient pas, mais se fait pourtant confirmer l'information. Le 5 juillet 2013, le train MMA-002 est inspecté. Mais l'employé présent fait remarquer à l'inspecteur que seuls les wagons ont été contrôlés, pas la locomotive. C'est normal : il n'est pas inspecteur des locomotives. Et il n'y a aucun problème à déplorer sur ce train. Alors le conducteur Tom Harding prend son service, seul. Mais son trajet ne se passera pas comme les précédents...
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Anne-Marie Saint-Cerny avait déjà publié un essai conséquent en 2019, du nom de Mégantic. Elle y relatait les événements de cette nuit tragique dans la ville de Mégantic, où un train de pétrole, sans conducteur, a dévalé une pente, perdu le contrôle et dévasté le centre-ville. Sous forme d'enquête, elle retrace le fil des évènements de cette nuit-là, essaie de trouver les coupables et de les dénoncer. Elle dresse aussi un portrait de l'après-accident, en rendant un hommage aux victimes. C'est ce texte qu'adapte sous forme de bande dessinée Christian Quesnel, dans un album plus accessible. La composition graphique est originale, cela change de ce qu'on a l'habitude de voir, et l'auteur prend parfois des libertés pour sortir des cases de la bande dessinée. La colorisation nous permet de passer d'une ambiance à une autre : dans des tons froids (bleu et vert), des tons sépias et des tons rouges pour parler de moments marquants et tragiques. La narration est également intéressante, alternant des faits documentaires et une fiction (une grand-mère parle de ces événements à sa petite-fille), mais elle nous perd parfois. Il aurait été plus lisible de choisir l'une ou l'autre de ces formes narratives. L'ouvrage permet de lever le voile sur une catastrophe qui aurait pu être évitée, en pointant du doigt les défaillances de notre société.