L'histoire :
En février 1858, le commissaire Jacomet est envoyé dans les Pyrénées, précisément dans le petit village de Lourdes, pour tirer au clair une curieuse affaire. En effet, Bernadette Soubirou, une jeune fille âgé de 14 ans et issue d’une famille de meuniers, pauvre mais intègre, semble avoir des visions devant une grotte. Elle dit voir une jeune fille lumineuse en robe blanche, à peu près du même âge qu’elle, et qui partage une fabuleuse complicité avec elle. Cette apparition lui a demandé de revenir tous les jours à la même heure, pendant 15 jours. Forcément, l’info a filtré et les badauds sont de plus en plus nombreux à assister à cette scène. Bernadette dit aussi que la jeune femme irradie de bonté pure envers le genre humain. Lors de ces moments de communion, Bernadette est comme en transe, coupée du monde. Elle ne subit pas les brûlures de sa bougie et lorsqu’elle avance à genoux sur terrain rocailleux, il n’y a aucune égratignure. Encore mieux : à la demande de sa « vision », et alors qu’une foule incroyable assiste à la scène, Bernadette met à jour une source d’eau (potable mais chimiquement neutre, d’après les analyses). Et ô miracles, l’utilisation de cette eau permet à un aveugle incurable de revoir à nouveau et à une paralysée de recouvrer l’usage de sa main. Cartésien et énergique, Jacomet a bien l’intention de déjouer la machination – car il ne peut s’agir que d’une supercherie ! En vain…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce one-shot est clairement estampillé « BD chrétienne » (pour les initiés, l’éditeur Edifa est la branche religieuse de Media Participation, éditant entre autre l’hebdomadaire Famille chrétienne). Mais il s’appuie essentiellement sur des faits avérés, provenant de documents officiels d’archives de l’époque. Les quelques annotations qui renvoient ici ou là aux versets de la Bible, ont plus un usage didactiques qu’elles n’alourdissent le propos par un quelconque prosélytisme. Brunor, habituellement illustrateur de presse, met son savoir-faire narratif au service du scénario. Il parvient à un compromis subtil, qui permet de délivrer les détails de « l’affaire Bernadette », en respectant à la fois les faits historiques et la mystique du dogme, sans oublier d’y doser un peu d’humour et du suspens. Car comme l’indique le titre, le scénariste a pris le parti de traiter cette histoire aussi célèbre que mystérieuse, sous le traitement de l’enquête policière. Le récit y gagne logiquement en intensité, sans perdre son potentiel documentaire. Certes, il y a tantôt quelques peccadilles (comment l’enquêteur peut-il interroger Bernadette, alors qu’il est dit de cette dernière qu’elle ne parle qu’en patois), ou quelques facilités (les pensées à voix haute, qui resituent le contexte). Mais il y a aussi d’habiles trouvailles (le dessinateur qui illustre la première rencontre, permettant le distinguo entre le cartésien et le mythique). Au dessin, Dominique Bar retranscrit le tout à l’aide d’un trait réaliste détaillé, mais un peu irrégulier. Certaines planches semblent avoir bénéficié d’un soin particulier, tandis que d’autres séquences, cases ou personnages manquent de finesse, comme s’ils avaient été bâclés… voire dupliqués (cf. le journaliste en veste rouge qui apparait 4 fois, avec 4 fois la même tête !). Le découpage et les cadrages sont en revanche plus enthousiasmants et on se laisse volontiers prendre par cette histoire, décidément toujours aussi énigmatique…