L'histoire :
Un disquaire ambulant s’est arrêté au pied d’un vieux chêne. Sur le toit de la roulotte, un couple de petits oiseaux batifole. Au début de l’automne, le disquaire replie ses cartons et abandonne un vieux gramophone à côté du chêne. Les deux oiseaux se sont constitués un petit nid douillet pour passer l’hiver dans une anfractuosité du tronc… et couver leur unique et précieux œuf ! La neige recouvre alors la nature de son manteau blanc. Pour divertir sa belle, le petit oiseau mâle fait tourner de temps en temps le gramophone, à l’aide de sa manivelle. Vient alors le printemps et toujours la même envie d’écouter de la musique. Cependant, cette fois, le disque s’interrompt brutalement. La maman oiseau sort de son nid pour découvrir les traces d’un terrible forfait : des empreintes de pattes de chat s’éloignent du gramophone et son « mari » mélomane a disparu ! Emportant son œuf avec elle, Maman oiseau remonte la piste vue du ciel, découvre des plumes par-ci par-là, jusqu’à la péniche d’un jeune noir joueur de banjo. Au passage, elle évite de peu les balles d’un méchant chasseur. Le chasseur est alors assommé par le jeune noir, d’un coup de banjo sur le crâne. Maman oiseau dépose son œuf sous le ponton de la péniche et tente de délivrer son amoureux. Car ce dernier est bel et bien coincé entre les dents d’un chat, promis à une dégustation proche…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Après Billy Symphony, voici Birdy melody, qui prend néanmoins son contexte chronologique quelque peu en amont de Billy Symphony, tout en restant indépendant. L’auteur amiénois David Perimony décline le même principe narratif et le même registre poétique que précédemment : un musicien, des petits oiseaux, un fond « sonore visuel », un récit 100% muet, une époque révolue vaguement située au moment de l’émergence du blues dans l’Amérique des années 30. Il est ici question de petits oiseaux qui s’aiment tout en écoutant du blues et se retrouvent séparés. Mais aussi d’un jeune homme noir et joueur de banjo qui doit affronter des membres du KKK qui exècrent leur musique, au rang desquels un méchant et stupide barbu. Le lyrisme qui en émane est évidemment très cliché et caricatural, mais on accepte car il se met à la portée du public cible, celui des primo lecteurs. Pas un seul phylactère ne vient empêcher les tout jeunes enfants de s’immerger dans les aventures romantico-tragiques de ces petits oiseaux et de ce bluesman brutalisés par leurs ennemis respectifs. Crayonnée, déclinée sur une gamme colorimétrique douce et complétée par une subtile lumière, la griffe artistique est très disneyenne, avec des mains à quatre doigts et une expressivité zoomorphique qui rappelle les œuvres de Renaud Dillies.
