L'histoire :
Après avoir sauvé toutes les victimes de la tour Senegas, cible d’un attentat terroriste, Mat et Lili ne peuvent plus se cacher du grand-public. Les médias du monde entier ont focalisé sur leurs visages et leurs exploits… Ils sont désormais connus, à la fois respectés pour leur bienveillance et crains pour leur puissance, impossible à réguler par la loi. Mat est cependant sorti de ce sauvetage complètement vidé et épuisé. Il a transmis toute son énergie psychique pour tenir le plus longtemps possible les fondations de la tour et il dort désormais non-stop, pendant des jours et des jours, dans une maison que Lili squatte sur l’île d’Aix. En dehors de la période touristique, ce petit coin de littoral est vraiment tranquille. Pendant ce temps, les médias ont planté leur caméra devant la maison de leur père adoptif ; et les autorités se demandent comment gérer les complicités dont les « Supers » ont bénéficié dans l’armée. Leurs officiers sont-ils réellement coupable d’avoir désobéi aux ordres, étant donné le bénéfice humain qu’ils ont permis ? Dans son bureau, la ministre de la sécurité fomente un plan d’action en solo, avec l’aide d’une intelligence artificielle qu’elle a activé à son plus haut niveau. Quitte à dépasser l’éthique en vigueur, en toute discrétion…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Débutée il y a 10 ans en tant que série jeunesse, Supers a nécessairement du faire évoluer la tonalité de son scénario, relativement à la fois à la post-adolescence atteinte par ses personnages et… par son lectorat. Rappelons que nos héros, à l’instar de Superman, sont des extraterrestres à l’apparence humanoïdes, qui se trouvent dotés de supers-pouvoirs vraiment supers puissants sur Terre. Jusqu’au tome précédent (tome 2 du second cycle), ils tentaient de dissimuler leurs pouvoirs afin d’éviter de devenir des cobayes de laboratoire ou d’inquiéter les masses. Or voilà, depuis un attentat terroriste sur la tour Senegas (un clin d’œil à Stéphane Sénégas, dessinateur de Frédéric Maupomé sur Anuki) et l’implication salvatrice de Mat et Lili relayée par les médias, ils accèdent dans ce nouvel opus à la notabilité. Ils sont devenus les super-héros officiels de l’humanité, attendus partout où il y a des pépins… et critiqués dès lors qu’ils ont loupé une intervention ou que leur belle vertu se trouve écornée. Intelligemment, Maupomé se sert du mécanisme du super-héros pour aborder ainsi des questions de société tout à fait actuelles, au sein d’un monde aux accents dystopiques : les influenceurs débiles, les émissions TV participatives, les dangers de l’intelligence artificielle, la quête malsaine d’ultra-sécurité, la capacité des relais médiatiques à systématiquement tout troller, à jeter de l’huile sur le feu… En parallèle, Dawid a aussi su faire évoluer son dessin jeunesse vers des tonalités plus adultes, sans renier son style. Un joli tour de force ! Les personnages ont vieilli, certes, mais aussi le décorum est plus complet, la colorisation plus sombre et travaillée, avec une gestion subtile des ombres et de la lumière rasante. Supers a su prendre de la maturité et cette évolution progressive est très intéressante, au regard de la conduite d’une série BD au long cours.