L'histoire :
Il pleut sans discontinuer depuis des semaines sur l’Est de la France. Cela inquiète le technicien d’EDF qui est en poste au pied du barrage de Vouglans, dans le Jura. Car non seulement la pluie fait monter à un niveau critique le niveau de l’eau situé de l’autre côté de l’imposant mur de béton, mais en plus elle fait fondre les coteaux enneigés… Laurine, ingénieure environnement basée à la centrale nucléaire de Bugey, s’inquiète elle aussi d’une éventuelle crue de l’Ain ou du Rhône. Il ne faudrait surtout pas qu’une inondation empêche le refroidissement des réacteurs ! Ses supérieurs lui rappellent froidement qu’elle n’est pas en charge de la sureté. Alors elle ferait mieux de rester à sa place : faire des prélèvements d’eau dans le lit des cours d’eau environnant. Après sa journée de boulot, Laurine rentre chez ses parents et demande conseil à son père, qui est maire d’un petit village. Malgré les fuites dans sa toiture, celui-ci reste confiant : « Elle est plus résistante que mon toit, ta centrale ! » Le lendemain, la DRH convoque Laurine dans son bureau : elle n’aurait pas dû alerter le réseau des maires, elle écope d’un blâme. N’empêche, officieusement, les responsables de la centrale sont très inquiets, car les barrages relâchent beaucoup trop d’eau et les sols sont déjà bien saturés…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
#accidentmajeur, c’est l’histoire d’un « Fukushima à la française », soit une vision catastrophiste et alarmiste, mais tout à fait réaliste et plausible, d’un grave accident nucléaire sur le territoire métropolitain. Après tout, la France est le pays qui a le plus important parc nucléaire au monde (56 réacteurs à ce jour, pour 75% de l’électricité produite). Même si les autorités affirment que tout est sous contrôle, que les pires scénarios ont été envisagés et que leurs parades sont au point, il est statistiquement concevable qu’un concours de circonstances malheureuses aboutisse à un désastre façon Tchernobyl. C’est à ce genre d’accident en cascade que nous donne à assister Jean-François Julliard dans cette histoire de catastrophe-fiction, dont l’objectif est de nous faire réfléchir sur la politique énergétique qui a été mise est en place depuis trois quart de siècle… et pour encore très longtemps, étant donné la problématique hors de prix (et de compétences !) du démantèlement. A l’aide d’une narration aussi simple qu’efficace, le scénariste met en scène une jeune lanceuse d’alerte, ingénieure en environnement. Celle-ci assiste et se retrouve affectée par des contingences tout à fait banales, qui jamais ne recourent ni à l’improbable, ni à un zèle de technicités. Ici, il pleut énormément ; donc un barrage vétuste cède sous la pression de l’eau ; donc le refroidissement d’un cœur nucléaire est rendu impossible ; d’où la catastrophe. Ajoutons à cela quelques incompétences ordinaires et de grosses louches de mépris bureaucratique… et c’est l’horreur. Ça fait froid dans le dos, l’objectif du propos est atteint. Alizée de Pin met en scène cette histoire sur un découpage correctement rythmé, mais à l’aide d’un style naïf et souvent vraiment très (trop) souple, complété par des aplats de couleurs sommaires.
