L'histoire :
Bouddhiste de philosophie, Véronique s'est peu à peu immergée dans les montagnes tibétaines. Au point d'y tourner un documentaire, puis de s'engager complètement en faveur de ce peuple, par la création d'une association. Aujourdhui marraine de trois enfants, elle nous conte l'aventure vécue avec Migmar, une jeune orpheline du toit du monde qui, peu à peu, va devenir comme sa propre fille. C'est au cours de son second voyage auprès de sa protégée que les liens vont se nouer. La jeune enfant raconte alors le long périple qui l'a conduite jusque sous l'aile protectrice. A la veille de sa naissance elle n'avait déjà plus de papa. Un mois après, elle n'avait plus de maman. C'est ainsi que Migmar, recueillie par sa tante et ses deux oncles, commence sa vie. Dans des conditions rudes à la maison, puis délicates à l'école chinoise et laxiste, elle n'a pas beaucoup de joies au quotidien. Si ce n'est auprès de son oncle sourd et muet, seul à lui témoigner de l'affection au foyer. Devant le désert que représente l'éducation aux mains des chinois, il est décidé d'envoyer Migmar à Dharamsala, en Inde, afin de trouver refuge dans un village d'enfants tibétains. Le voyage sera long, dans un premier temps jusqu'au Népal. Puis viendra enfin le pays d'accueil du gouvernement tibétain en exil. De longues marches dans la montagne, à couvert des patrouilles de soldats chinois, parfois de nuit sous des températures extrêmes, ne décourageront pas l'enfant et son passeur. Ils atteindront leur but et Migmar le regardera partir, surprise de si peu de compassion venant de celui qui l'a accompagnée durant tant d'épreuves. Prenant peu à peu conscience des problèmes politiques et adultes, elle s'estime chanceuse et aborde sa nouvelle vie avec confiance et entrain.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
On ne présente plus l'héroïne de Pause café, feuilleton culte des années 80. Figure angélique bordée d'un sourire doux à faire fondre le Dalaï Lama, elle partage avec nous un peu de l'aventure humaine qu'elle mène pour la cause du Tibet libre, notamment de ses enfants. Philippe Glogowski l'accompagne hors de ses champs de batailles historiques, pour dessiner le réalisme d'une belle histoire d'aujourd'hui, de notre monde, loin des artifices de « vie facile » des métropoles de nos latitudes. Le Tibet, sous domination de la république de Chine depuis 1950, vit d'interminables heures difficiles et les violences ne cessent de croître sur le toit du monde, isolé de la scène internationale. Pour atteindre le village d'enfant de Dharamsala en Inde, les dangers sont nombreux. Echapper aux autorités chinoises s'avère être une expérience pour le moins rude, dans la vie d'une enfant de 8 ans. Les couleurs chatoyantes élèvent le récit vers des cieux plus clairs et, symbole de la force de ce peuple, donnent à l'histoire la gaieté qu'elle ne raconte pas. Autobiographique et humble, Tibet, L'espoir dans l'exil est un témoignage émouvant, à lire à ses enfants pour les faire voyager au pays du réel, loin des publicités et des consoles de jeux vidéos. C'est aussi un message plus politique, cette fois, et plus discret aussi, pour rappeler l'absurde cruauté de cette situation abstruse tolérée par les grands de ce monde. Œuvre intelligente, qui touche par son humanité, cette épopée courageuse a la force tranquille de la foi qui déplace les montagnes… jusque chez nous.