L'histoire :
« Jean-Pierre le poulet était un coq magnifique. Ses plumes brillaient de mille feux, son bec affuté tranchait fastoche grains de maïs et pelures de pommes de terre, sa crête était toujours coiffée à la dernière mode. Jean-Pierre portait beau. Jean-Pierre sentait bon. Hélas, il avait un petit pois en guise de cerveau. Rien dans le ciboulot. Il était mou du bulbe. Jean-Pierre était bête comme ses pattes. Luigi la volaille, lui, était gros et flasque. Les plumes ternes, le barbillon tombant, le plastron défraîchi. Aucune condition physique. Non, vraiment, Luigi n’était pas aidé par la nature. Luigi devait bien compenser ce manque de chance par sa finesse, son humour ou son intelligence, pensez-vous ? Loin de là. Luigi était aussi stupide que Jean-Pierre. Il ne pensait qu’à manger. Et quand il ne pensait pas à manger, c’est qu’il allait penser à manger. Quel malheur pour les poules…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Basse-Cour Baston est une sorte d’allégorie récréative, humoristique et minimaliste sur le potentiel de l’humanité à toujours tirer la couverture vers soi. Pour les crayons caustiques de Thibault Soulcié, Jorge Bersntein met en scène des coqs prétentieux, stupides, bedonnants et bagarreurs, aux prises avec des grains de maïs qu’ils ne souhaitent jamais partager. Soit un classique dans l’histoire des relations humaines. Or quand on sait que le coq est l’emblème de la France, cela en dit long sur la haute considération que les auteurs portent à notre belle nation des Droits de l’Homme. La forme narrative n’est pas précisément celle de la bande dessinée, mais plutôt du court récit illustré. Le dessin de Souclié est caricatural à souhait, avec des tronches de volailles abruties et hargneuses. Ça ne va chercher plus loin que ça, c’est marrant et plutôt évocateur, même si 12 euros, c'est un peu chérot pour une histoire qui se lit en 5mn chrono…