L'histoire :
A 17 ans, Mio est une jeune fille oisive et rebelle. Son père et sa sœur qui l’aidaient jusqu’à présent financièrement à subvenir à ses besoins, ont donc décidé de la mettre au pied du mur. Son père lui offre carrément son empire pharmaceutique en héritage si elle accepte de partir dans un « camp expérimental ». Mio n’est pas franchement emballée par ce concept… mais elle l’est déjà plus par l’idée de toucher 200 millions ! Elle se retrouve ainsi un beau jour menottée en compagnie de deux autres individus, sur le ponton de débarquement d’une île tropicale prison. Des gardiens lui donnent les rudiments des règles : à l’intérieur de l’enceinte où on va les lâcher, il leur faut gagner 50 000 destas, la monnaie locale. Un crédit de départ de 100 destas leur est offert. Une journée de travail au sein de l’usine locale, à se tuer à la tâche et à s’intoxiquer les poumons (ce qui n’est pas trop le credo de Mio), permet de gagner 100 destas. Visiblement, il existe d’autres moyens de gagner plus d’argent plus vite. Chaque détenu reçoit un tatouage sur la main à l’entrée, selon son psycho-type. Les indésirables ont un cafard, les meurtriers une tête de mort, les violeurs un cœur… Etrangement, Mio, elle, a un petit lapin… mais que cela signifie-t-il ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Par son idée de départ, ses enjeux et son potentiel, la mise en place de cette nouvelle série éditée par Emmanuel Proust se montre accrocheuse. Ici, une jeune fille cupide et oisive accepte une insolite expérience carcérale pour toucher le pactole. Sur une île-prison, elle découvre des pratiques lucratives abominables et va essayer de les mettre en pratique, de la manière la plus pragmatique qui soit. Scénarisé par Juliette Fournier, le récit emprunte donc le prisme du parcours initiatique, dans un contexte de légère anticipation, doublé en propos de fonds d’une petite réflexion sur le pouvoir pernicieux de l’argent. Edifié comme valeur unique, le fric surpasse ici les vies humaines… Relativement usuelle et consensuelle, cette idée ne nécessitait certes pas un contexte aussi ultime pour être dénoncée. Ce premier tome se montre donc un peu moins pertinent dans la psychologie des personnages et leur condition, un brin naïfs. Les auteurs sont des nouveaux venus dans la vaste arène du 9ème art et on sent bien que Bunny est une œuvre de jeunesse… mais une bonne œuvre de jeunesse. Notamment, le dessin semi-réaliste de Jean-Gaël Deschard est particulièrement soigné, sérieux et besogné, particulièrement au niveau des couleurs. Ce graphisme trouve juste ses limites au travers de quelques petites rigidités, postures ou proportions inadéquates. Mais on cherche la petite bête, car dans l’ensemble, cette mise en bouche est très plaisante …