L'histoire :
Quatorze heures trente. Le train de midi douze arrive en gare du bourg. Là, au milieu de nulle part, l’employé de chemin de fer du train jette sur le quai une malle ainsi qu’une drôle de carte postale. La malle, c’est Elias, le chef de gare, qui la récupère. Il la rentre avec lui au bureau de la gare. Puis passe le facteur. Lui rapporte la carte postale qu’il a trouvée égarer sur le quai. La carte est adressée à Elias de la part de son oncle. L’oncle est parti il y a déjà deux mois à la grande ville. Le hic, c’est que peu après il en est revenu dans une petite boîte en bois blanc, « les pieds devant » comme on dit. Elias dut donc dire un dernier revoir, pour de bon, à son oncle. Et voilà cette carte. Elle aura mis deux mois à lui parvenir. Et la malle. Que renferme-t-elle ? Elias et ses amis – le facteur et le vieil Isidore – ont à peine le temps d’y jeter un coup d’œil que deux gorilles tambourinent à la porte. Ces messieurs viennent sans doute récupérer le « colis »…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
C’est une histoire de trains. 80 pages d’un aller et retour entre un bourg perdu au milieu de nulle part – façon « Far West » – et la grande ville où sévit la pègre. Une histoire de trains et d’une malle. Une drôle de malle arrivée en gare du bourg à quatorze heures passées par le train de midi douze, parti à six heures douze de la grande ville. En gros voilà, c’est de là que tout est parti (…). Cyrille Pomès, remarqué dès ses débuts il y a quatre ans avec A la lettre près (2005), poursuit son petit bout de chemin et signe là un nouveau one-shot remarquable de maîtrise et d’adresse. 80 planches mitonnées aux petits oignons, aux dialogues délicieux et aux personnages hauts en couleur. Difficile de situer précisément l’action. L’artiste pioche à l’envie dans la panoplie du malfrat de la grande époque comme dans celle du « petit » western. Des trois scènes qui composent au début l’intrigue – la gare du bourg, la grande ville et la planque des apprentis retraités de l’attaque de trains (+ les orphelins) – Cyrille Pomès n’en retient qu’une : la gare du bourg, et les trains qui y passent. L’ensemble des acteurs y est en effet progressivement rassemblé en vue du règlement de compte final ! Le ton oscille volontairement entre humour décalé et réalisme brut. On ne s’ennuie guère jusqu’au fin mot de l’histoire et l’étrangeté de la malle ajoute des vrais airs de nouvelle fantastique appréciables. L’édition est soignée, 80 pages N/B dessinées d’un trait plutôt bonhomme, jovial, se faisant plus anguleux et incisif quand il s’agit des personnages (sur les visages notamment) ou quand vient l’orage ! Une question demeure : quid d’une possible couleur ? L’album présente en effet des flagrances de version 2B. Les encrages paraissent parfois légers et il est indéniable qu’une couleur apporterait. Sans plus d’information, savourons déjà la présente édition en attendant, qui sait, une encore meilleure surprise…