L'histoire :
Mirages nocturnes. Né du plus profond de la nuit, dans la plus noire obscurité, nourri d’une dévorante envie de plaisir et de vie, il apparaît comme par magie – du néant – et se jette sur sa proie. Il lui fait l’amour dans un mouvement viscéral, l’accule, la prend tel une bête sauvage, la blesse, l’amène jusqu’à l’extase avant de l’abandonner, inerte. Il est un chasseur sans pitié. Traversé de contradictions et de mystères. Il est la Chose cruelle…
Masques de mort. Elle va sauter, les poignets ouverts ; il l’arrête à temps, à dessein. Il la porte, l’enlace, goûte son sang. Il apprend son histoire – la trahison de son fiancé à la veille des noces. Il décide de se faire vengeance. Il se fond en elle, lui insuffle vie. Elle-il retrouve son fiancé et le lacère de plaisir ! La chose entendu, l’acte accompli, il la quitte et disparaît dans la nuit…
Rédemption. Il vient en rêve, la nuit, trouver celui qui a pêché. L’amour de Fred et de Michèle jusqu’à la mort de la belle. Puis la reproduction du crime encore et encore. Fred n’en dort plus et pour lui ne reste d’issue qu’un seul châtiment : le dernier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il faut avoir lu la fin pour comprendre. Non qu’il faille commencer à l’envers mais vous ne comprendrez vraiment qu’en toute fin, au bout de l’épilogue. Un épilogue dont on se demande au début pourquoi il est aussi disserte et que l’on apprécie finalement. Il est qu’il restera comme un appendice à cet essai d’inspiration gothique, si maîtrisé (…). Leandra Martinez – alias Lean – et Luciano Vecchio, jeunes auteurs argentins visiblement plein de talent, vous proposent aujourd’hui cet album de noir et de sang, un OVNI : Cruel thing. Difficile de savoir comment est né le personnage (Lean paraît mûrir l’idée depuis 1994) mais il surprend. Sorte de pseudo justicier se nourrissant du plaisir (sexuel) de ses victimes, coupables et moins. Créature mi-vampire mi-autre, prédateur ultime sûrement. Les influences pêle-mêle s’entremêlent sur le titre à tel point qu’on ne saurait le rapprocher certainement de rien. On reconnaît des lignes du manga décharné contemporain, un univers nocturne et des codes apparents dans la mouvance gothique, une audace baroque, une folie même (!), une allégorie apologétique que l’on savait chez Tim Burton à l’écran ou Allan Moore en référence comics. L’esthétique est en tout cas superbe de maîtrise, comme l’est la narration « off » des débuts – en fait, de près de l’intégralité du titre, hors derniers chapitres et épilogue. L’histoire est cependant complexe et il faut au lecteur une attention soutenue pour ne manquer aucun des entendus. L’œuvre est fascinante. Difficile d’abord mais fascinante. La note moyenne donnée reflète mal le dilemme posé. Cruel thing ne laissera pas de marbre. Il bouscule, dérange, nie les conventions de notre société contemporaine, en conteste les racines, les balaie d’un trait ! Reviendra-t-il ? Beaucoup l’appelleront de leurs vœux. Beaucoup aussi non. Preuve qu’il a touché. A découvrir.