L'histoire :
A 33 ans, Alex Gaultier, ancien directeur artistique dans la pub, est atteint de sclérose en plaque depuis 13 ans. A Paris où il habite avec sa compagne et sa petite fille, cette maladie est une vraie galère à vivre. Par exemple, malgré sa carte de handicapé, il est difficile d’obtenir une place assise dans les transports en commun sans déclencher des regards noirs alentour. Autre exemple, il passe des heures dans les salles d’attente bondées des rendez-vous médicaux, pour finalement entretenir des relations impersonnelles avec des médecins blasés… C’est particulièrement démoralisant. Mais toujours moins pénibles que ces nuits horribles où sa jambe le brûle, comme piquée par des milliers de fourmis rouges. Espérons que le nouveau traitement par chimiothérapie qu’il s’apprête à suivre sera bénéfique. Enfin, il y a sans cesse ces conneries de pigeons dans les pattes, sur les trottoirs, qu’il tente de chasser avec sa béquille. L’amour des siens l’aide à vivre, mais le chômage de Chloé commence à devenir lui aussi angoissant. Elle a certes trouvé du boulot… mais à Nantes ! Or pour Alex, médecins, potes, famille, taf : tout est à Paris ! pourtant, après des semaines de résistance, encouragé par son cousin et ses amis, Alex va accepter de déménager en Loire-Atlantique…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Il serait inconvenant de parler de « mode », s’agissant des récits mettant en scène les handicapés. Force est pourtant de constater qu’Intouchables fait un carton au cinéma et que plusieurs BD abordent actuellement le sujet, avec des approches aussi diversifiées que pertinentes (cf. Schumi chez Paquet, sous un angle humoristique). Sans doute notre société est-elle mûre pour porter enfin un regard bienveillant et néanmoins « dé-pathossisé » sur les particularismes engendrés par les divers handicaps. Ici, Arnaud Gautelier témoigne de sa propre expérience au travers de l’élégant lavis en noir et blanc de Renaud Pennelle. Sa maladie à lui est la sclérose en plaque (familièrement appelée SEP), une maladie lourde et incurable du système nerveux, qui touche 1 français dans la force de l’âge sur mille (et deux fois plus les femmes que les hommes). Sans misérabilisme, la narration autobiographique le met en scène seul, au foyer, en société, en proie à mille obstacles du quotidien. Un quotidien ponctué de troubles de la mobilité, mais aussi de défaillances psychologiques : les traitements rendent irritables et le regard, la considération d’autrui n’aide guère à supporter le handicap. Bien qu’éminemment juste et bienvenue, ce témoignage s’accompagne toutefois d’un « scénario » un brin convenu. En exagérant un brin, le propos de fond est : venez à Nantes, la SEP y est plus facile à vivre qu’à Paris. Et pourtant l’éditeur ne stipule aucun co-financement venant du Conseil Général de Loire Atlantique…