L'histoire :
Nous sommes au siècle avant-dernier. La jeune Janet Burroughs a posé ce matin le pied en terres d’Afrique noire. Le site de Grand Bassam (Côte d’Ivoire actuelle) n’a rien d’un paradis pour une lady regrettant déjà le maigre confort de sa cabine. La chaleur, l’odeur, le bruit, etc. tout paraît l’agresser. Son oncle, Sir Edgar Rice Burroughs, avait sans doute raison lorsqu’il affirmait que là n’était pas la place d’une dame. Mais sa nièce a du caractère. En dépit des mises en garde répétées de son entourage, quelque chose d’irrésistible l’attire vers ce périple sauvage. Rapidement, d’ailleurs, Janet semble se faire aux conditions sommaires du climat ambiant. A l’approche de l’hiver – aux latitudes tempérées – l’expédition composée d’elle-même, du capitaine Sir Caldwind, du professeur Henry et de guides locaux, est prête à partir. L’objectif affiché est à but scientifique. En charge des dessins, Janet croque à l’envie ces paysages et cette faune sans pareils, au fur et à mesure que l’exploration s’enfonce en territoires inconnus. Une autre camarade inattendue l’a rejointe dans cette aventure : sa chatte, Taïs. Qu’est-elle venue trouver sous ce soleil ? Sa maîtresse, elle, paraît s’y perdre, de manière croissante…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Voici un album qui laisse une impression de lecture partagée. Parce qu’il touche à la légende de Tarzan et que, ce faisant, on attendait peut-être autre chose… La légende de l’enfant-singe, créé par Edagr R. Burroughs, habite effectivement l’aventure, mais en fin seulement. Car l’aventure racontée n’est pas celle de Tarzan mais celle de Janet Burroughs, la nièce du fameux romancier. Imaginée volontaire pour un périple exotique – aux accents introspectifs et mystiques – au cœur de l’Afrique noire, la jeune aristocrate anglaise perd pied, progressivement, au fur et à mesure des découvertes naturelles et humaines qui s’offrent à elle. Rapporté en voix « off », sous la forme d’un journal de voyage puis d’une lettre posthume, Lady Burroughs séduit avant tout par ses planches au format généreux et par son ambiance africaine. Le trait de Pascal Croci, habituellement « froid » – de par les sujets choisis (Dracula, etc.) – est ici magnifié par une palette de couleurs chaudes et lumineuses, transfigurant littéralement son élégance naturelle. Chaque page est une miniature belle et sauvage d’une réalité africaine fantasmée. Le résultat est édifiant. Les croquis réalisés par Sandrine Py, aventurière anonyme, ont par ailleurs aidé et ont été incorporés au résultat d’ensemble. Côté narration, le choix fait par Françoise-Sylvie Pauly d’un récit indirect sert et dessert à la fois l’œuvre. La parole rapportée confère un cachet d’authenticité et installe, d’emblée, une présence ; elle fait aussi la part belle au dessin. En revanche, elle contraint le récit à un rythme invariant, faisant regretter, ça et là, d'appréciables variations. Reste que ce one-shot convainc plus que nécessaire. Et que l’aventure, perchée tel un voyage hors du temps, hantera longtemps l’imaginaire du lecteur qui s'y essaiera…
