L'histoire :
En 1870, une diligence est attaquée par quatre bandits masqués, à proximité d’un patelin nommé Eureka, situé dans le désert du Nevada. Les bandits flinguent les cochers et le précepteur d’Angus, un garçon de 12 ans qui se trouve à bord. Lorsqu’ils commencent à violer sa mère, le garçon empoigne deux flingues et, aussi prompt que l’éclair, il fait carton plein. Bien des années plus tard, Angus Whitecross est devenu un étrange « révérend ». Cow-boy solitaire et armé, il arrive à Eureka en plein blizzard. Il sympathise avec le curé catholique, laisse son cheval au maréchal-ferrant et demande un rasage complet au barbier. Il croise aussi un convoi de filles de joies, qui ont été embauchées pour une fête qui doit se tenir le soir-même au saloon. En effet, Cartus Nance, le plus riche propriétaire terrien – et mécène – de la région, fête son anniversaire… Etrangement, Terrence le barbier tarde à se pointer à cette soirée. Un porte-flingue de Nance le retrouve alors au fond de sa boutique, décédé d’une crise cardiaque suspecte ! Le shérif se méfie aussitôt de ce révérend nouvellement arrivé à Eureka. Avec deux hommes, il arrête Angus alors tranquillement « endormi » dans sa chambre d’hôtel. Collaboratif et confiant, Angus est mis derrière les barreaux pour la nuit. Il avoue tout de même au shérif qu’il est un tueur un gage et qu’il traque un dénommé Gober Alvarez, tueur de femmes et d’enfants. C’est sans doute lui qui a tué le barbier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
En 2012, le neuvième art se cherche, entre « coups » artistiques issus d’une veine moderne et exploitation d’un classicisme académique ronronnant mais assuré. Emmanuel Proust, lui, a déniché deux jeunes auteurs prometteurs, qui se sont installées aux manettes d’un entre-deux particulièrement pertinent. Prévu en diptyque, Le révérend se présente comme un bon vieux western réalisé dans les règles de l’art, c’est à dire classique dans ses fondamentaux, mais très efficace à la lecture. En introduction, un flashback nous présente un garçonnet qui se découvre roi de la gâchette, tout en posant les bases d’une vengeance à venir. Puis on le retrouve quelques années plus tard dans la peau d’un révérend aux intentions troubles… et il faut lire ce premier tome en entier, parcouru de fausses pistes habiles, pour que sa personnalité, ses motivations et sa tactique se révèlent entièrement. Lylian livre donc un scénario particulièrement abouti et prenant, impeccablement dialogué. Augustin Lebon se met au diapason avec un dessin semi-réaliste encré, élégant et maîtrisé dans son style. Rendu ocre et poussiéreux par la colorisation idoine d’Hugo Poupelin, son grand ouest sauvage est typique et crédible, tandis que son héros a un petit air eastwoodien drôlement malin. Ajoutez un cliffhanger culotté… et vous souscrivez déjà pour que le tome 2 paraisse dans les meilleurs délais !