L'histoire :
L’idée d’« Utopie » a surtout fleuri au XVIIIème siècle, des philosophes des Lumières, après avoir été émise par le philosophe irlandais Thomas Moore. Elle correspond à un besoin de faire société idyllique, à réussir une connivence sociale parfaite, qui rendent réellement les citoyens libres, égaux et confraternels. Entre cette idée et aujourd’hui, de nombreuses expériences ont été tentées, un peu partout à travers le monde, en Inde, en Europe, en Amérique du Sud, sur le Nouveau Monde… A leur origine, des dirigeants politiques, des industriels, des savants fous se sont appuyés sur des dogmes divers : libertariens, communistes, végétariens, racialistes, laïcs, technologiques ou même… ultra-capitalistes ! Ces tentatives de civilisations ont duré quelques semaines ou plusieurs années… et se sont toutes soldées par des échecs. Le journaliste Benoist Simmat en résume et analyse 12 d’entre elles : San Leucio (en Italie, fin XVIIIème, sous l’égide de Ferdinand IV), New Harmony (dans l’Illinois, années 1820, théorisée par Robert Owen), Oneida (Sud du Lac Ontario, 1834, imaginée par JH Noyes), Nueva Germania (1882, tentée par l’allemand Bernhard Förster au Paraguay), Colonia Cecilia (au Sud du Brésil, 1888, conceptualisée par l’anarchiste Giovanni Rossi), Sointula (fin des années 1890, des immigrés finlandais au Canada emmenés par Matti Kurikka), Fiume (1919, Nord de l’Italie, essayée par le poète-soldat Gabriele d’Annunzio), Fordlandia (l’idée folle d’Henry Ford au cœur de l’Amazonie), Terre libérée (1924, en Touraine française, proposée par le végétalien Louis Rimbault), Pyramiden (l’idéal communiste de Staline tenté sur le Spitsberg dans les années 50), Auroville (une cité supra-mentale de Mirra Alfassa au Sud de l’Inde dans les années 60). La dernière, Prospera, vient de débuter sur une île au large du Honduras, et elle est financée par le milliardaire américain Peter Thiel.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A l’échelle de la civilisation humaine, l’utopie est un concept éminemment passionnant, défini par Thomas Moore au XVIème siècle. Il s’agit d’inventer le mode de fonctionnement interhumain le plus viable, qui rende collectivement les gens heureux, libre et égaux. Une idée qui a aussi excité les réflexions des philosophes des Lumières. Aujourd’hui, nos démocraties largement imparfaites, hypocrites et cyniques sont sans doute ce qui s’en approche le plus… étant donné que toutes les expériences qui ont été tentées à travers le monde se sont soldées par des échecs. Elles se fracassent généralement contre le mur de la realpolitik, composé d’un « perfide cocktail de passions humaines et de pesanteurs économiques, jalousies, cupidité, incompétence, inorganisation, manque de financements, milieux hostiles »… Le concept d’Utopie passe donc par le filtre d’une question préalable essentielle : l’Homme est-il bon ? Les communautés utopiques seraient-elles par nature toujours condamnées à disparaître ? Dans cet ouvrage composé à seulement 10% de bande dessinée et 90% d’articles, le journaliste Benoist Simmat analyse 12 expériences d’utopies tentées depuis deux siècles à travers le monde. Les rétrospectives intéressantes, excitantes, surprenantes ou inquiétantes de ces tentatives de changer la civilisation humaine, sont chacune introduites par 2 planches de BD sans réelle plus-value signées Daniel Casanave.