L'histoire :
Sur l’estrade en haut des marches d’un temple de Pompei en 79 avant JC, un tribun s’exclame face à la foule réunie en agora : « Vous êtes bouillants ce soir ? » La foule attend la suite, mais elle est surtout hypnotisée par le paralysant spectacle du Vésuve entré en éruption derrière lui. D’ailleurs le tribun ne dira rien d’autre : il est aussitôt écrasé par une pierre volcanique de plusieurs milliers de tonnes.
En 1938, Staline fait un discours au Kremlin devant un pupitre et un micro. Ou plutôt, il se lance dans une blague du célèbre Trotro (le Toto de Trotsky). C’est la maîtresse de Trotro qui lui demande s’il a révisé son français. Et Trotro lui répond « Oui, je l’ai emmené chez le garagiste qui n’a rien trouvé d’anormal ». Les spectateurs ne mouftent pas : ça n’est pas drôle, mais ils se forcent un peu, quand même, en faisant des haha de circonstance. Il n’y a surtout pas de quoi partir de honte, étant donné que des soldats armés tiennent en joue la foule alentours, le temps du discours. Et il parait que le communisme comme c’est parti, il y en a pour 50 ans.
Sous la préhistoire, une bimbo en tenue léopard tient un os comme un micro. Elle déplore l’hygiène de son époque : tout le monde pue, tout le monde est poilu. Elle a passé deux ans avec son ex avant de se rendre compte qu’il était un sanglier…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Sur scène, le « stand up » est un art difficile. Il faut tout d’abord bien sentir son public pour déterminer quelle vanne et quel style d’humour va le décoincer lors de la première boutade… qui entrainera les autres et déterminera la bonne ambiance ou le jet de tomates pourries. Evidemment, en BD, impossible de « sentir » un lectorat par avance qui, par définition, est indéfinissable dans sa capacité à vibrer sur un comique particulier. Sans compter que les lecteurs de BD sont assurément un public plus difficile que les clients d’une scène qui font la démarche volontaire de venir. Autant dire que toute tentative de « stand up en BD » se révèlerait un désastre couru d’avance. Benjamin Veyres tente tout de même le coup dans ce petit bouquin de poche, en prenant le prisme des grands moments de l’Histoire pour faire passer la pilule. Et c’est… raté ! (bruit de cymbale) (gène embarrassée dans le public). Qu’ils soient harangués à l’ère napoléonienne, dans des forums romains à l’époque des péplums ou dans l’intimité d’une grotte préhistorique, les monologues censés être drôles font systématiquement des bides. L’humour pratiqué est convenu, ou forcé, ou juste pas drôle, en fait. Ajoutez à cela un dessin plus que sommaire et impersonnel de Ladyboy, qui se contente de recopier et dupliquer à la truelle infographique des situations (ou reconstitutions photos) d’époque. S’il vous reste des tomates pourries, vous pouvez les balancer à la face de ce bouquin de poche pour l’humilier.
