L'histoire :
Alors qu’une météorite traverse le ciel, Edgar se réveille confus, sur le canapé d’un salon. Il ne se souvient de rien, hormis son prénom. Des photos sur le mur montrent des enfants jumeaux. Cela lui laisse une impression de déjà-vu. Est-il l’un d’eux ? Un curieux caillou sur une étagère devant un bouquin d’astronomie laisse penser qu’il s’agit d’un morceau de météorite. A la fenêtre, il aperçoit un immeuble en face. Au moment où il décide d’aller à la rencontre d’autres personnes pour comprendre ce qui lui arrive, il sombre de nouveau dans la catatonie. Il l’ignore, mais il n’est pas le seul ! Tout le monde alentours s’endort. Plus tard, sur un banc en fronton d’un littoral, Edgar discute avec une mamie. Tous deux ne savent pas où ils sont, ni qui ils sont. Ils cherchent à percer le sens de ce qui leur arrive, voire le sens de la vie. Etait-ce un rêve ? Edgar se réveille de nouveau dans un appartement suite à un coup de sonnette. C’est une femme, qui tient un sac plastique en main. Elle demande à ce qu’ils se tutoient. Edgar lui propose un verre d’eau. La femme déballe sur la table le contenu de son sac en plastique, qui contient « toute sa vie ». Cela la déprime de ne pas comprendre à quoi se rattachent ces objets : une chaussure, une cassette audio, un petit miroir, un carnet contenant des listes, des clés de maison, la photo de falaise sur un littoral… Mais bientôt l’homme et la femme se rendorment subitement.
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Ce qu’il y a de pratique avec les personnages amnésiques, c’est qu’on peut construire une narration sur la reconstruction de leurs souvenirs. Dans ce roman-photo de Julie Chapaliat, un certain Edgar, reconnaissable par ses lunettes rouges, cherche à comprendre son existence, ses endormissements successifs, ses rencontres improbables : une mamie qui tricotte, une femme avec un sachet plastique, des bucheronnes qui lui collent une sangsue derrière l’oreille, un forestier qui lui refile des fourmis… et on ne vous dit pas tout. Ce qui débute comme une allégorie sur le sens de la vie, part surtout un peu dans tous les sens. Il est question de gémellité, de lutte féministe, d’une météorite qui va s’écraser – métaphore de la fin d’un monde ? La quête de mémoire d’Edgar trouve aussi un rebond dans la dendrochronologie – l’étude des lignes concentriques dans une rondelle coupée d’un tronc d’arbre, et qui en disent long sur les évènements du passé. Mais surtout, cet ouvrage se montre un peu long et indistinct quant à ses intentions. L’hermétisme du propos se double d’un traitement graphique radical : les montages photos mettant en scène des acteurs qui prennent la pose, bénéficie de surcouches d’aplats colorés. Visuellement, en plus de l’effet statique intrinsèque à la technique des romans-photos c’est donc la foire aux couleurs. Or les cadrages et le découpage ne procurent pas un rythme séquentiel foncièrement convaincant. Bref, ce roman-photo hermétique est surtout bordélique.
