L'histoire :
Une fille de 13 ans, de petite taille et avec des lunettes, vit les affres de l’adolescence dans une banlieue ordinaire, au rythme des cours au collège et des virées entre copines SS. Mais qu’est-ce qu’elle s’ennuie dans cette chambre où trône au-dessus du lit le portrait de Johnny Depp, jeune éphèbe de 21 Jump Street… Heureusement, c’est l’heure de la rentrée et la jeune fille va retrouver ses copines. Alors que les garçons sont en rut ou écoutent Bryan Adams, la discussion tourne autour des règles de Sabrina : eh oui, elle vient d’avoir ses règles pendant les vacances. C’est une conne, certes, mais une femme désormais…Puis vient le cours d’Allemand : Guten Morgen ! La prof annonce qu’un voyage aura lieu en cours d’année. Au menu : visite d’une usine de bières et dégustation de Strudel. Mais Leslie s’en fiche des futurs corres’. Ce qui l’intéresse avant tout, ce sont les garçons…
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
Dans la veine d’un Riad Sattouf et armée de son vécu douloureux ou risible, Leslie Plée raconte en quelques tranches de vie les affres d’une adolescence passée dans une banlieue mortifère. Plutôt que de se lamenter, l’auteure préfère en rire et surtout railler ce qu’elle était au temps de l’âge ingrat. C'était celui de l’acné, des lunettes carrées et des appareils dentaires... Elle était un petit être chétif en devenir, perdu dans ses interrogations existentielles après avoir écouté l’émission de Doc et Difool sur Fun Radio : une fille a surpris son frère en train de se masturber, doit-elle le dire à ses parents ? Quand vais-je avoir mes règles et devenir une femme ? Pourquoi je suis naine ? Son terrain d’action, c’est l’école, la maison des copines, les cours d’Allemand ou d’arts plastiques… Si le dispositif d’autodérision nourrie de références trentenaires fonctionne pendant quelques pages, il s’essouffle assez rapidement et tombe dans la banalité, faute de ressorts narratifs plus efficaces ou corrosifs. On retiendra tout de même ce comique de répétition joué par un prof d’arts plastiques légèrement obsédé par les forêts vierges et abondantes, moites et humides, touffues et foisonnantes... Bien vu, mais insuffisant pour convaincre pleinement. La BD plaira peut-être à un lectorat de trentenaires qui se projettera avec nostalgie dans le portrait d’une époque, ou aux collégiens qui pourront vérifier si les temps ont changé. Au final, Points noirs et sac à dos se révèle une gentillette BD générationnelle de potes, mais guère plus. En tout cas bien loin des fulgurances « sattoufiennes » entrevues dans Retour au collège, par exemple…