L'histoire :
Monsieur et madame Pedrosa et leurs deux enfants ont une conscience écologique aigue. Dans la mesure du possible, ils mettent en adéquation leur idéologie citoyenne respectueuse de la nature avec leurs habitudes de vie familiales. Par exemple, un coin du jardin est réservé à la confection d’un tas de compost… même si ce dernier attire les bestioles en tous genres. Autre exemple : le père de famille étouffe difficilement ses scrupules lorsqu’il consent à remplir une petite piscine gonflable avec… (âmes sensibles s’abstenir) de l’eau potable ! Oui, celle-là même dont ont tant besoin les africains subsahariens, qui pourraient se nourrir pendant 3 mois avec cette quantité d’eau. Du coup, interdiction formelle de mettre du chlore dedans, car l’eau doit ensuite servir à irriguer le jardin. Et tant pis si ladite piscine développe en quelques jours un fabuleux microcosme bactériologique... Le moindre déplacement urbain se fait à l’aide d’une vraie bicyclette hollandaise, la patrie du vélo (et du débrayage à la con dans le moyeu). Pourtant, une question essentielle reste en suspens : faut-il, oui ou merde, retirer les bouchons des bouteilles en plastique avant de les mettre dans le sac jaune ?
Ce qu'on en pense sur la planète BD :
A votre avis, en combien d’années une BD est-elle biodégradable? L’impression en bichromie est-elle moins polluante que la quadri ? A quoi servent ces put§# ! de pages blanches qu’il y a toujours en début et en fin d’album ? Voilà autant de question que vous vous poserez (peut-être) au sortir de cette BD humoristique, qui a le mérite d’éveiller nos consciences écolos, sans sombrer dans le piège moralisateur. En se mettant lui-même en scène, lui et sa famille, Cyril Pedrosa revendique vertement (c’est le cas de le dire) son engagement politique. Il est écolo dans les tripes, ce qui ne l’empêche pas de mettre en exergue avec beaucoup d’humour les contradictions engendrés par nos modes de civilisation moderne. En effet, mettre en application ses idées n’est pas toujours évident, surtout quand il s’agit de se passer de voiture, de désherbant, de clope ou tout simplement de lait ! C’est très habile : chacun des sujets de gags (en général un par planche) permet de cerner un comportement écologiste vertueux et d’en pointer les limites dans notre contexte sociétal. Comme en outre, Pedroda est pétri de talents pour illustrer le tout à l’aide de courbes spontanées, cette bien-nommée Auto-bio est un petit bijou d’humour et d’idées écologiques. A noter, Ruby adopte souvent un procédé de colorisation original (souvent bichromique et un peu « rude »), qui consiste à faire ressortir des zones d’intérêt, des masses de couleurs, sur des aplats francs. Au fait, est-ce imprimé sur du papier respectueux de nos forêts ?